Monsieur l'ambassadeur, notre commission est très heureuse d'échanger avec vous en cette période difficile pour nos deux pays, durement frappés par la pandémie.
Cet échange sera l'occasion d'aborder plusieurs sujets d'actualité internationale qui concernent le Maroc et qui suscitent l'intérêt des sénateurs.
Tout d'abord, la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, annoncée le 11 décembre dernier, constitue une évolution importante dans le cadre de ce conflit qui dure depuis les années 1970.
Je rappelle que, dans ce dossier, la France soutient la recherche d'une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, sous l'égide des Nations unies et conformément aux résolutions de son Conseil de sécurité. La France considère, par ailleurs, que le plan d'autonomie présenté par le Maroc en 2007 constitue une base sérieuse et crédible en vue d'une solution négociée. Alors que des avancées diplomatiques avaient eu lieu en 2019, la situation s'est dégradée depuis les événements de Guerguerat de l'an dernier ; le Secrétaire général de l'ONU a exprimé son inquiétude, reflétant une forme d'impuissance de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Il faut également rappeler que, à la suite du départ de Horst Köhler, il n'y a toujours pas de nouvel envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental.
Pourriez-vous, monsieur l'ambassadeur, nous faire part de la vision de votre pays sur les développements nécessaires dans cette région, ainsi que les actions envisagées par le Maroc pour l'avenir ? Dans ce contexte, quelles seront, selon vous, les conséquences de la décision américaine ? Le nouveau président américain, Joe Biden, poursuivra-t-il la politique de son prédécesseur sur ce sujet ? Qu'attendez-vous de la France ?
Dans ce dossier, nous sommes également préoccupés par la montée des tensions entre le Maroc et l'Algérie, et en particulier par les manoeuvres militaires de grande ampleur qu'a menées votre voisin les 17 et 18 janvier derniers. Quelle est votre appréciation de la situation dans ce domaine ? Quel rôle pourrions-nous éventuellement jouer pour que vos deux pays renouent le dialogue ?
Par ailleurs, le Maroc a décidé de rétablir ses relations diplomatiques avec Israël et a signé plusieurs accords bilatéraux de coopération. Certes le Maroc entretenait déjà des relations commerciales avec Israël, mais cette décision est un prélude à un développement plus important des échanges économiques comme diplomatiques. Alors que des voix se sont élevées au Maroc pour protester contre cette normalisation qui s'effectue, selon elles, au détriment de la cause palestinienne, pourriez-vous nous en dire davantage sur la « philosophie » de ce rapprochement et sur ses conséquences pour l'avenir ?
Comme vous le savez, notre commission est très soucieuse de contribuer aux efforts visant au développement de l'Afrique subsaharienne, et en particulier du Sahel. Nous savons que le Maroc a les mêmes ambitions et possède des atouts importants dans ce domaine - je salue à cet égard le soutien du Maroc aux efforts de la France dans la région. Nous pourrons donc aborder ce sujet qui intéresse vivement nos collègues, comme l'a montré le récent débat sénatorial sur l'opération Barkhane.
Au nord de la bande sahélo-saharienne, il y a aussi bien sûr la Libye. Quelle analyse le Maroc fait-il des dernières évolutions dans ce pays ? Le Maroc aurait, semble-t-il, suspendu certaines relations avec l'Allemagne, notamment en raison de réunions sur la situation libyenne auxquelles votre pays n'aurait pas été convié.
Enfin, nous ne pouvons manquer d'évoquer les conséquences de la crise de la covid-19, qui a durement frappé le Maroc. Après une forte récession en 2020, êtes-vous confiant dans les prévisions des institutions internationales, qui tablent sur une forte reprise en 2021 pour votre pays ? Par ailleurs, où en êtes-vous de votre stratégie vaccinale, domaine dans lequel nous connaissons nous-mêmes des difficultés ?