Intervention de Pascal Allizard

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 février 2021 à 9h35
Audition de M. Bertrand Lortholary directeur d'asie et d'océanie au ministère de l'europe et des affaires étrangères

Photo de Pascal AllizardPascal Allizard, président :

Nous accueillons aujourd'hui M. Bertrand Lortholary, directeur d'Asie et d'Océanie au ministère de l'Europe et des affaires étrangères, pour évoquer la situation en Birmanie.

La victoire écrasante de la ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi aux élections de novembre 2020, avec 83 % des sièges, la rapprochait du seuil de 75 % des sièges de l'assemblée de l'Union, permettant un changement de la constitution et donc une possible mise à l'écart de l'armée. La Tatmadaw a crié à la fraude et a repris le contrôle le 1er février dernier en promulguant l'état d'urgence.

La France a immédiatement condamné ce coup d'État militaire ainsi que les arrestations du président de la République et de la conseillère pour l'État - Aung San Suu Kyi - et a demandé leur libération immédiate et sans conditions.

Vous nous expliquerez, monsieur le directeur, pourquoi ce coup d'État est apparu inéluctable, dès le mois de novembre, à la plupart des commentateurs. La communauté internationale semble impuissante à peser sur les destinées tragiques de la Birmanie, comme l'avait déjà montré, en 2017, l'absence d'infléchissement du traitement des Rohingyas, attaqués, déplacés au Bangladesh pour 750 000 d'entre eux et dans des camps birmans pour 250 000 d'entre eux, malgré les nombreuses condamnations.

Les vetos russes et chinois ont empêché toute condamnation par le Conseil de sécurité de l'ONU et les sanctions économiques n'ont pas produit les effets espérés. De quels leviers dispose, dans ces conditions, la communauté internationale ?

La Chine a de puissants intérêts en Birmanie où elle multiplie les investissements et met en place un approvisionnement gazier et pétrolier libéré du détroit de Malacca dont elle redoute la prise de contrôle. Elle se pose ainsi en acteur incontournable de la paix dans la région en soutenant le régime birman. A-t-elle été informée des projets de la junte ? Le soutien aux militaires birmans participe-t-il de la politique de puissance chinoise plus agressive affirmée pendant la crise sanitaire ?

L'administration Biden qui entend, après la présidence Trump, restaurer le statut des États-Unis de défenseur du droit international et des valeurs démocratiques est très attendue sur la situation en Birmanie. La politique américaine en Asie soutenant des pays démocratiques susceptibles d'équilibrer, dans la région Asie-Pacifique, la montée en puissance chinoise se trouve confrontée à un réel défi.

Comment analysez-vous cette confrontation au sujet de la Birmanie entre une Chine plus puissante que jamais et des États-Unis en voie de réaffirmation sur la scène internationale et plus particulièrement dans l'Indopacifique ?

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