Intervention de Gérald Darmanin

Réunion du 16 mars 2021 à 14h30
Sécurité globale — Article 1er

Gérald Darmanin :

Madame Taillé-Polian, je ne peux pas vous laisser tenir de tels propos sur la police nationale et l’inspection générale de la police nationale.

Premièrement, vous évoquez le divorce entre la population et la police, mais je rappelle que plus de 70 % des Français aiment la police. Tout le monde l’aime d’ailleurs, puisque tout le monde réclame des policiers supplémentaires… Heureusement que les policiers sont là pour nous protéger ! Ce réquisitoire lancinant ne sert pas ce que nous souhaitons tous : la paix publique.

On ne peut pas, me semble-t-il, parler de divorce entre la police et la population, car l’une fait partie de l’autre. Les policiers sont père et mère de famille ; ils sont citoyens avant d’être policiers et le seront après. Par ailleurs, cette profession est l’une de celles dans lesquelles s’engagent le plus les enfants des classes populaires.

Deuxièmement, l’inspection générale de la police nationale n’a jamais été réformée par un ministre de l’intérieur, y compris socialiste : ni par M. Cazeneuve, ni par M. Valls, ni par M. Fekl, ni par M. Le Roux, sans remonter à des temps plus lointains. Sans doute considéraient-ils que l’IGPN fonctionnait bien, parce qu’elle était soumise à l’autorité judiciaire. Si ce service était inféodé au ministre de l’intérieur, si je donnais des ordres et si nous organisions des réunions secrètes pour nous couvrir, pensez-vous que les procureurs de la République accepteraient de confier, toujours et en tout lieu, à l’IGGN ou à l’IGPN les problèmes relevant du judiciaire ?

L’IGPN enquête sous l’autorité des procureurs de la République, qui constituent des dossiers jugés par des magistrats du siège. Il ne s’agit pas d’une inspection interne. Des inspections administratives peuvent par ailleurs être menées : les décisions prises sont susceptibles de faire l’objet de recours lorsqu’elles ne plaisent pas aux personnes concernées.

Le problème de l’IGPN est plutôt que ses recommandations ne sont pas assez suivies et qu’elles ne sont pas rendues publiques – j’ai d’ailleurs été le premier ministre de l’intérieur à les faire publier. Lorsque l’IGPN remet ses conclusions, le ministre n’est pas tenu de les suivre : j’ai souhaité, dans le cadre du Beauvau de la sécurité, que le ministre soit tenu de suivre a minima les propositions de l’IGPN et qu’un délai soit fixé à cette dernière – trois semaines ou un mois – pour la remise des conclusions, afin que les dossiers ne traînent pas. J’insiste, le problème de l’IGPN, c’est qu’elle n’est pas assez suivie, et non pas qu’elle est trop molle !

Madame la sénatrice, l’autorité judiciaire ne confierait jamais à l’inspection générale de la police nationale la moindre enquête relative à des policiers si elle ne la considérait pas comme une grande inspection, à l’instar de l’IGGN. À la place des caricatures – à la limite de contrevérités – auxquelles nous avons eu droit, il serait préférable que vous vous rendiez compte de ce qui se passe dans la police nationale, un corps qui est défendu par la population, qui est méritoire et qui nous protège. Pendant que nous parlons, ils risquent leur vie pour assurer notre protection !

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