Avant de présenter mon amendement, je vous précise que le groupe UC-UDF votera les crédits de la mission « Défense ».
Le présent amendement a pour objet de réduire les crédits de paiement de l'action n° 4 du programme 212, sous-action 42-Infrastructures, qui englobe les crédits relatifs à l'implantation de l'état-major de l'armée de terre à l'École militaire de Paris.
Le ministre de la défense, sur proposition de la haute hiérarchie militaire, a décidé de transférer l'état-major de l'armée de terre de la rue Saint-Dominique à l'École militaire. Cette structure sera accueillie dans un bâtiment neuf, en lieu et place d'une partie de cette école, pour un coût total de 75 millions d'euros sur plusieurs années.
Si mes informations sont exactes, ce transfert n'est pas la résultante des besoins propres à l'armée de terre. C'est le fruit de décisions sur la localisation d'autres structures.
L'îlot Saint-Germain, site historique du ministère de la défense, regroupe l'état-major des armées, l'état-major de l'armée de terre, la direction du renseignement militaire, mais aussi et surtout le centre de planification et de conduite des opérations, le CPCO, communément appelé, semble-t-il, « la cuve ». Cette activité, qui est maintenue pour le suivi des opérations, est exercée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
L'élément central de la redistribution des cartes dans ce dossier, si j'ai bien compris, est la refonte des installations de ce CPCO, dont le cahier des charges prévoit l'obtention de tous les systèmes d'information et de communication nécessaires pour commander 60 000 hommes, pour un usage multinational.
Madame le ministre, d'après les informations dont je dispose, la nouvelle implantation a été longuement discutée. L'achat d'un immeuble rue de Grenelle a même été envisagé, alors que vous avez vendu récemment un immeuble rue Saint-Dominique.
Faute d'une autre solution crédible, les locaux du boulevard Saint-Germain ont été rénovés. Mais il semblerait que, si une mission européenne était lancée, le quartier général des opérations serait installé au Mont Valérien, où des locaux complémentaires ont été aménagés.
Il semblerait que le jeu des chaises musicales permette d'assouvir certains souhaits, en particulier ceux de l'état-major des armées, qui se renforce. L'état-major de l'armée de terre, qui devait quitter le boulevard Saint-Germain, va s'installer, parce que vous l'avez décidé ou parce que les militaires l'ont demandé, sur le site de l'École militaire.
Je vais maintenant m'exprimer en tant qu'élu d'arrondissement et sénateur. Le VIIe arrondissement de Paris est un lieu de pouvoir qui accueille depuis de très nombreuses années aussi bien Matignon que nombre de grands ministères.
Au fur et à mesure de l'augmentation des missions, de l'accroissement du personnel et de l'apparition de besoins de lieux plus vastes, ces grands ministères, qui étaient au centre de Paris, ont été obligés d'envisager une implantation différente.
Le ministère des finances n'était pas dans le VIIe arrondissement, mais il a quitté le Louvre pour Bercy, où une grande structure a été créée. S'agissant du ministère de l'équipement, seul le cabinet du ministre est resté dans le VIIe arrondissement, le reste de l'administration s'installant à La Défense, dans un grand immeuble. Le ministère de la santé a eu beaucoup plus de chance, puisqu'une partie entière du VIIe arrondissement a été détruite à son intention, laissant la place à une énorme « verrue » : c'est le ministère actuel de la santé !
Il reste deux grands ministères qui, eux, continuent à procéder au jour le jour : chaque fois qu'un besoin supplémentaire se fait sentir, ils grignotent des lieux, ce qui multiple les sites. Il s'agit du ministère de l'éducation nationale et du vôtre, madame le ministre !
Je sais que ce n'est pas simple et qu'il faut répondre à ces besoins. Mais l'élu de Paris que je suis voudrait attirer votre attention sur le caractère historique de l'axe Breteuil-Trocadéro, passant par la place de Fontenoy, l'École militaire et le Champs-de-Mars.
Souvenons-nous que, à son époque, André Malraux, alors ministre de la culture - nous venons de fêter le trentième anniversaire de sa mort -, avait souhaité transformer l'hôtel des Invalides en un lieu de culture et de mémoire militaire. Pour obtenir le départ de l'armée de ce lieu, aujourd'hui magnifique, il avait été obligé de demander son aide au général de Gaulle.
C'est un peu la même chose à l'heure actuelle. Je ne comprends pas que l'état-major de l'armée de terre s'installe dans une école historique, qui pourrait accueillir un projet plus important. Madame le ministre, vous avez beaucoup d'idées à l'échelon européen, et je vous soutiens dans vos actions. Pourquoi ne pas créer une grande école européenne de défense qui accueillerait tous les cadres européens ?
Que va-t-on faire à la place d'une telle réalisation ? On va installer l'état-major des armées ! Je ne veux pas être mauvaise langue, mais j'ai bien l'impression que les militaires ont fait ce choix, parce qu'ils n'ont pas envie de prendre le métro pour se rendre ailleurs...