Intervention de Annie David

Réunion du 4 décembre 2006 à 22h30
Loi de finances pour 2007 — Enseignement scolaire

Photo de Annie DavidAnnie David, rapporteur pour avis :

J'aborderai, en premier lieu, l'orientation des élèves vers ces filières.

Lorsqu'il s'agit d'entrer en lycée professionnel ou en apprentissage, l'orientation doit prendre appui sur un véritable projet. Pour le préparer, les jeunes et leur famille ont besoin, en amont, d'un accompagnement personnalisé, notamment pour les aider à décrypter la masse d'informations disponibles.

À ce titre, monsieur le ministre, vous proposez que l'entretien d'orientation avec le professeur principal soit généralisé, dès cette année, à tous les élèves de troisième accompagnés de leurs parents.

Je m'interroge néanmoins sur la vocation des professeurs principaux à interférer dans la mission des conseillers d'orientation-psychologues. L'orientation n'est pas une simple concordance entre un métier et un élève ; elle répond à des critères plus larges, ne serait-ce qu'en matière de motivation des élèves, facteur prégnant dans la réussite scolaire.

En outre, les enseignants bénéficieront d'une formation ; mais de quel ordre ? Surtout, auront-ils le temps nécessaire pour se consacrer à cette tâche ? Par ailleurs, s'il faut sans doute mieux outiller les conseillers d'orientation-psychologues, les orientations du ministère concernant ces professionnels restent encore incertaines, ce qui suscite des inquiétudes chez ces personnels. Leurs effectifs sont actuellement très insuffisants pour assurer leurs missions dans de bonnes conditions : en effet, on compte en moyenne un conseiller d'orientation-psychologue pour 1 400 élèves.

En outre, j'ai pu entendre qu'un grand nombre de jeunes abordaient avec une certaine angoisse l'entrée en lycée professionnel, notre système d'orientation ne leur accordant pas de véritable droit à l'erreur. À ce titre, je rejoins les inquiétudes énoncées par notre collègue Jean-Léonce Dupont vendredi dernier, lors de la présentation du budget de l'enseignement supérieur.

Dans l'objectif de réduction des sorties sans diplôme ni qualification, qui concerne de 150 000 à 160 000 jeunes chaque année, il faudrait sans doute assouplir les parcours de formation et les modes de certification, afin de faciliter les réorientations, les poursuites ou reprises d'études, par exemple après une interruption précoce de scolarité ou un échec à un examen.

J'insiste, à cet égard, pour que les évaluations qui seront menées sur la mise en place du module de découverte professionnelle de six heures ou de l'apprentissage junior conduisent à garantir les possibilités d'aller et retour vers le cursus général. Je souhaite, monsieur le ministre, que vous puissiez nous apporter des garanties sur ce point.

Par ailleurs, je vous avais interrogé sur les mesures destinées à promouvoir l'enseignement professionnel sous statut scolaire, car je ne souhaite pas que les efforts déployés en faveur de l'apprentissage le soient au détriment des formations scolaires.

Or, les enseignants des lycées professionnels se sentent délaissés ces derniers temps. Il nous faut mieux valoriser les complémentarités entre les deux pour ne pas entrer dans une logique de concurrence.

Toutefois, la revalorisation de ces filières ne peut se faire sans l'appui des professionnels. En effet, si certains secteurs peinent à attirer les jeunes, il faut s'interroger sur les conditions de travail et de rémunération qu'ils offrent, mais aussi sur l'image que la société renvoie de certains métiers.

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