C'est aussi contribuer à former le travailleur et le préparer à l'insertion professionnelle.
Tel est véritablement le sens que nous donnons au mot liberté, lorsqu'il s'agit de l'éducation.
Vient ensuite le principe d'égalité, auquel d'ailleurs le plan Langevin-Wallon faisait déjà référence comme principe premier. Il est lié à celui de justice, qui offre en effet deux aspects non point opposés mais complémentaires : l'égalité et la diversité.
« Tous les enfants, quelles que soient leurs origines familiales, sociales, ethniques, ont un droit égal au développement maximum que leur personnalité comporte. [...] L'enseignement doit donc offrir à tous d'égales possibilités de développement, ouvrir à tous l'accès de la culture. [...] La diversification des fonctions sera commandée non plus par la fortune ou la classe sociale mais par la capacité à remplir la fonction. »
Même si la formulation peut sembler désuète, nous nous retrouvons dans cette définition du mot « égalité », qui vise bien l'égalité des droits, l'égalité d'accès et non pas l'égalité des chances.
Plus récemment, Jean-Yves Rochex a d'ailleurs dénoncé la dérive à laquelle nous assistons, à savoir la volonté de promotion de tous prônée dans ce plan et la promotion d'une « élite élargie », souhaitée par le gouvernement auquel vous appartenez.
Quant au principe de fraternité, il se retrouve dans notre refus de la sélection sociale et économique, territoriale, culturelle, religieuse.
Pour tous les républicains, cette fraternité, c'est-à-dire ce principe d'équité de traitement sur tout le territoire national fondamentalement lié à l'école de la République, est intangible. En cela, cette école est laïque et gratuite, car ouverte à toutes et tous, sans distinction aucune.
À cet égard, je souhaite exprimer mon indignation devant la « chasse aux enfants » orchestrée cet été par le ministre de l'intérieur et qui se poursuit avec plus d'intensité encore.
Pendant les vacances scolaires, enseignants, parents, citoyens, militants se sont dressés ensemble pour dire « non » à ces expulsions et aux méthodes associées, indignes de notre République.
Aujourd'hui, le combat pour le droit à l'éducation de tous les enfants et la régularisation de leurs parents continue, et les événements de ce week-end, à Lyon-Saint-Exupéry puis à Roissy, m'indignent profondément, car la famille maltraitée, d'origine kosovare, est en France depuis cinq ans, et deux des trois enfants sont nés dans notre pays. Ils y sont d'ailleurs scolarisés tous les trois et auraient dû « entrer » dans le champ de la circulaire de juin.
Le droit à l'école pour tous a été bafoué ce week-end, monsieur le ministre.
L'école de la République, c'est aussi l'école de la démocratie, de la tolérance, une école humaniste. Considérant ses élèves comme des citoyens en formation, renforçant les liens entre l'équipe éducative et les parents, elle s'enrichit de l'échange, de la confrontation d'idées et reste centrée sur le développement et l'épanouissement de l'enfant, tout en prenant en compte les besoins de la société.
Elle est donc aux antipodes de l'école élitiste prônée par le Gouvernement, école au sein de laquelle, dans le même temps, des élèves auront accès à un socle de connaissances et de compétences minimum pendant que d'autres, plus nantis ou se comptant parmi ceux, peu nombreux, qui auront droit à une bourse au mérite, auront la « chance » de bénéficier d'un « socle bis ».
Monsieur le ministre, vous n'empruntez pas la bonne voie pour permettre à l'école d'atteindre l'objectif de réussite pour toutes et tous les élèves. En effet, une nouvelle fois, le budget se caractérise par des suppressions de postes : en 2007, un peu plus de 8 500 suppressions sont prévues !
Par ailleurs, toutes les méthodes sont utilisées pour réduire le budget : en diminuant la durée de l'enseignement ; en finançant, d'une part, les dédoublements en langues par la suppression des travaux personnels encadrés, les TPE, en terminale et, d'autre part, le plan « ambition réussite » par la suppression d'une demi-heure de cours au collège ; en diminuant les salaires des enseignants, puisque les décharges supprimées se traduisent souvent en heures supplémentaires.