Heureusement, la page sur laquelle il était écrit, au moins en filigrane, que, puisque la tutelle de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger appartenait au seul ministère des affaires étrangères, il revenait à ses personnels de trouver eux-mêmes des solutions, sans s'attendre à une grande motivation de la part de leurs collègues de la rue de Grenelle, est largement tournée.
C'est ce pragmatisme citoyen qui, sous votre impulsion, a permis un certain nombre d'avancées concrètes telles que la mise en ligne des « dossiers bleus », qui facilite largement l'inscription dans l'enseignement supérieur en France des élèves issus de nos écoles à l'étranger, l'ouverture de plus en plus large de notre enseignement à la fois à la langue et à la culture du pays hôte et aux langues étrangères en général, principalement à l'anglais.
Je relèverai aussi l'accueil et l'accompagnement renforcés des élèves étrangers non originellement francophones qu'il est nécessaire d'aider pour qu'ils acquièrent rapidement l'essentiel de notre langue, ce qui leur permettra de suivre utilement les cours. Je noterai également les avancées sur les projets de baccalauréats binationaux, qui devraient permettre aux élèves issus de notre réseau d'accéder, selon leur choix, indifféremment à l'enseignement supérieur du pays hôte ou du nôtre.
Une autre avancée intéressante et potentiellement riche est l'affirmation nouvelle de l'éligibilité au bénéfice de la taxe d'apprentissage des établissements de l'étranger comportant des sections technologiques. L'un d'entre eux a déjà entrepris d'en profiter. Il faudra que nombre d'autres en fassent autant.
Je citerai, enfin, le détachement et la nomination de cinq inspecteurs d'académie-inspecteurs pédagogiques régionaux au service pédagogique de l'AEFE pour des missions non seulement d'inspection, mais aussi de pilotage de la didactique de leur discipline dans le contexte particulier des établissements de l'étranger.
Ainsi, monsieur le ministre, l'état d'esprit a changé. Il faut s'en féliciter. Un véritable esprit de partenariat se développe entre votre ministère et l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger.
Il faut maintenant faire en sorte d'accélérer la vitesse du cercle vertueux. Permettez-moi d'énumérer un certain nombre de mesures allant dans ce sens.
Pour mieux donner corps à ce partenariat, il est prévu qu'un vice-président du conseil d'administration de l'AEFE, issu de l'éducation nationale, soit nommé aux côtés du président représentant, lui, le ministère des affaires étrangères. Il devra avoir naturellement pour vocation d'être l'interlocuteur privilégié dans votre ministère, la véritable interface, pour tout ce qui concerne l'enseignement français à l'étranger. Cette nomination devrait intervenir aussi vite que possible.
Par ailleurs, comme d'aucuns l'ont dit, l'initiative des baccalauréats binationaux est louable et doit être poursuivie. Mais il faut arrêter la floraison de dénominations qui troublent la visibilité et finissent par être préjudiciables à l'image de ce diplôme. Entre le baccalauréat tout cours, l'OIB, ou option internationale du baccalauréat, le baccalauréat européen, le baccalauréat franco-allemand, plus tard le bachibac espagnol, le matubac polonais ou autre esabac italien, sans parler d'un éventuel albac anglais, qui va s'y reconnaître face au grand concurrent qui gagne du terrain, y compris dans certaines de nos écoles, le baccalauréat international de Genève ?
Entendons-nous bien, je ne fais pas la promotion d'un diplôme étranger à notre système. Je dis seulement que, face à son succès, il nous faut continuer à travailler comme nous avons commencé à le faire, mais en nous attachant à trouver aux différentes déclinaisons bilatérales de notre baccalauréat une base de dénomination commune qui lui permette d'avoir un caractère universel et non pas extrêmement fragmentaire.
Dans un troisième point, monsieur le ministre, j'évoquerai plusieurs axes de progrès, qui ont tous en commun la caractéristique de devoir être très avantageusement mis en oeuvre par les académies françaises partenaires de nos établissements de l'étranger.
Exemples originaux de coopération décentralisée potentiellement très riches, ces actions de partenariat international gagnant-gagnant doivent être développées, et il faut encourager nos recteurs à en tirer la quintessence.
C'est ainsi que l'on privilégiera, en particulier, l'aide à l'orientation des élèves, qu'ils soient français ou non. De ce fait, les entités régionales disposeront d'une possibilité intéressante d'attirer les élèves étrangers issus de nos écoles dans leurs filières d'enseignement supérieur. La formation continue des enseignants et - pourquoi pas ?- l'optimisation de la gestion de leurs carrières par des échanges ou des affectations simples devront également être favorisées. L'expérimentation pédagogique devra enfin être privilégiée. Ne peut-on imaginer que nos établissements de l'étranger servent de laboratoires où seraient mises au point l'optimisation de la formation de l'honnête homme du XXIe siècle, la définition d'un nouveau socle de connaissances destiné aux citoyens français modernes, armés pour la mondialisation ?
À l'excellence, à la rigueur académique, à l'exigence de nos programmes, à la qualité de leur contenu et à la place qui y est faite à l'esprit critique, il suffirait d'ajouter ce que l'on trouve souvent autour de nous à l'étranger : un apprentissage pratique des langues, une plus grande ouverture sur l'environnement social, sur la réalité économique et le monde de l'entreprise, la découverte de l'échange oratoire, la pratique du débat et de la communication.