Intervention de Patrick Chauvet

Réunion du 23 mars 2021 à 14h30
Politique énergétique — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Patrick ChauvetPatrick Chauvet :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la proposition de résolution déposée par nos collègues du groupe Les Républicains pose la question de l’équilibre à trouver entre la politique énergétique de notre pays et ses ambitions écologiques.

Au cœur de ce questionnement figurent nos choix en matière d’énergie nucléaire – avenir des réacteurs de quatrième génération, prolongement ou fermeture des réacteurs actuels –, ainsi qu’en matière d’énergies renouvelables.

Pour ma part, il me semble que l’équation que nous avons à résoudre réside plus dans la balance à trouver entre le prix de l’énergie produite et consommée, d’une part, et le mix énergétique que nous souhaitons mettre en place à l’avenir dans notre pays, d’autre part.

Même si notre volonté commune est de diminuer nos consommations énergétiques, cet objectif ne peut être atteint qu’à usage constant. Or le développement de nouvelles pratiques, qu’il s’agisse des mobilités ou de l’adoption de nouvelles normes de construction comme la RE 2020, et les mutations relevées dans de nombreuses activités, comme le télétravail ou les usages numériques, impliqueront irrémédiablement une augmentation globale des besoins en énergie électrique.

Nous devons donc trouver des sources d’énergie qui assureront l’approvisionnement du pays pour les habitants comme pour les entreprises. Pour cela, il nous faudra être très vigilants quant à notre capacité à produire suffisamment et de manière responsable, au bon moment et surtout au bon prix.

L’équation à résoudre est à trois inconnues.

Il faut, d’abord, produire suffisamment et proprement, ce qui implique de maintenir au minimum notre capacité nucléaire à son niveau actuel. Il s’agit en effet d’une énergie décarbonée, maîtrisée et fiable. Cela implique aussi de développer les énergies renouvelables, par l’intermédiaire de l’éolien, du solaire, des biocarburants et, bien sûr, de l’hydroélectrique, dont nous aurons l’occasion de parler prochainement.

Il faut, ensuite, produire au bon moment. C’est à l’évidence une autre des qualités du nucléaire, mais cela doit aussi nous inciter à accentuer la recherche et développement en matière de stockage de l’électricité.

Il faut, enfin, produire au bon prix : c’est sans doute la plus grande difficulté. L’Arenh a déjà permis de favoriser l’émergence de fournisseurs d’électricité alternatifs, sans leur faire porter la charge de l’investissement et de la recherche sur le nucléaire. Le projet Hercule, demandé à EDF par le Gouvernement, possède comme principal ressort l’évolution de cet accès régulé. Ce boulet aux pieds de l’opérateur historique ne lui permet ni d’amortir ses coûts ni d’investir pour l’avenir dans le nucléaire et les énergies renouvelables.

Où en sont, monsieur le ministre, les négociations avec la Commission européenne sur cette question primordiale pour EDF, pour l’organisation du secteur énergétique en France et pour les consommateurs français ?

En outre, le coût relativement maîtrisé de l’électricité en France est une conséquence de nos choix passés, qui nous placent comme le pays du monde où l’énergie nucléaire occupe la plus grande place au sein du mix énergétique. Si l’on souhaite passer de 70 % à 50 % de nucléaire dans le mix à l’horizon 2035, prenons garde à nous doter de la capacité d’investir dans d’autres sources d’énergie décarbonées suffisamment productrices ! Il serait incompréhensible de devoir importer de l’électricité parfois produite à partir de charbon.

L’Europe possède le plus grand parc nucléaire du monde ; il représente en fin de compte une partie de la solution pour atteindre l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre en 2050. Néanmoins, les dynamiques mondiales démontrent que ce sont la Chine et la Russie qui ont les dynamiques de capacités de mise en service les plus importantes, la Chine devant dépasser l’Europe vers 2030.

L’Europe est donc à la croisée des chemins. Au-delà d’une question purement nationale, nous devons élever le débat et impulser une véritable politique européenne de l’énergie, qui soit ambitieuse, décarbonée et indépendante.

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