Intervention de Fabien Gay

Commission des affaires économiques — Réunion du 17 mars 2021 à 8h35
Moyens mis en oeuvre par l'état en matière de prévention d'identification et d'accompagnement des agriculteurs en situation de détresse — Présentation du rapport d'information

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Je suis évidemment très ému et très touché par ce rapport et je tiens à féliciter nos rapporteurs. Nous sommes extrêmement attachés à nos agriculteurs et nous avons besoin dans la période que nous traversons de replacer l'humain au coeur des décisions politiques. Le suicide, c'est un faisceau de raisons, cela touche toutes les catégories sociales et tous les âges mais encore plus le métier d'agriculteur et d'agricultrice, car ce n'est pas un métier comme un autre. C'est un métier difficile, où il n'y a pas de repos, c'est 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. C'est un métier dans lequel on est soumis aux aléas climatiques et où on ne choisit pas sa rémunération : on produit mais sans être maître de son destin et du prix.

L'agribashing correspond à une incompréhension totale envers des gens qui nous nourrissent, qui font de leur mieux et donnent tout. Le métier d'agriculteur s'est considérablement transformé depuis cinquante ans, comme l'a montré un très beau reportage consacré au monde paysan et diffusé récemment sur France 2. Les agriculteurs nous nourrissent depuis plus d'un siècle - même depuis toujours en réalité -, ils sont toutefois de moins en moins nombreux et pourtant produisent toujours plus, tout en assurant une très bonne qualité. De l'autre côté, les consommateurs leur en sont reconnaissants, mais en veulent toujours plus. Le monde agricole est en réalité à la croisée de cette transition climatique et énergétique, qui est nécessaire. L'incompréhension entre agriculteurs et consommateurs provient selon moi d'un manque de dialogue, qui permettrait de se comprendre et de trouver des solutions ensemble.

C'est la même chose dans le monde de l'énergie, où on ne fera pas la transition énergétique sans les salariés de l'énergie. On ne recréera pas non plus du lien entre la population et sa police sans remettre tous les acteurs autour d'une table. Du manque de dialogue naît l'incompréhension. Je partage aussi le constat de la froideur de la machine administrative. Il n'y aura pas de transition agricole sans ou même contre les agriculteurs, elle se fera nécessairement avec les agriculteurs. Replacer l'humain au centre doit être au coeur de toutes nos décisions politiques, sans quoi nous continuerons de nourrir la défiance et nous ne réussirons pas cette transition. Je suis très touché ce rapport et l'adopterai avec le coeur et la raison, d'une façon numérique comme je suis en visioconférence.

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