Monsieur le ministre, il n’a échappé à personne que la crise sanitaire avait remis la verticalité à l’ordre du jour.
Dans des situations de crise comme celle que nous vivons actuellement, le pouvoir a toujours actionné son dispositif préfectoral. Nous en avons encore une illustration aujourd’hui avec la nomination dans quasiment chacun de nos territoires d’un sous-préfet à la relance. Ces hauts fonctionnaires ont la lourde tâche d’accompagner la mise en œuvre du plan de relance dans les territoires, territoires – ma collègue Catherine Belrhiti a raison – qu’ils méconnaissent souvent.
Nous le constatons une fois de plus : lorsque l’État ne sait pas comment faire, il nomme un sous-préfet. C’est un patch sur sa faiblesse, une rustine pour cacher le démantèlement des services préfectoraux désertés de leurs experts, qui se sont fait happer au fil des années, notamment par les agences régionales.
Ces nominations sont d’autant plus surprenantes au regard de l’inflation galopante du corps préfectoral, ce dont nous pourrions aussi débattre…
Vous auriez également pu dépêcher de Paris des inspecteurs de Bercy ou des membres du contrôle général économique et financier pour coordonner ces plans. Il y en a, paraît-il, 300 qui pourraient nous servir.
Que voulez-vous ? On a encore l’impression de technocratie et d’approche lointaine du sujet.
Monsieur le ministre, oui, à l’heure de la relance, le préfet est porteur, facilitateur de projets. Il a la capacité de dialogue avec les élus locaux, bien plus que des agences de l’État comme les agences régionales de santé (ARS) ou les rectorats, dont nous connaissons la trop grande rigidité et le caractère procédurier.
Le préfet pourrait animer, faciliter, être médiateur, mettre en cohérence les politiques publiques de territoire, c’est-à-dire simplifier ce magasin de farces et attrapes qu’est devenu l’État avec ses appels d’offres et autres aides diverses ! §Il y a deux conditions à cela. D’une part, il faut que le préfet soit entouré de collaborateurs formés. D’autre part, il faut que cette ambition soit partagée par votre gouvernement, monsieur le ministre. Or le Gouvernement a poursuivi ses fusions, comme c’est le cas depuis vingt ans dans ce pays.
On se rend compte à présent que le département est le bon échelon. Vous avez donc deux outils : la charte pour la contractualisation territoriale et les contrats de relance et de transition écologique. Il ne manque plus que la volonté de s’appuyer sur les préfets de département.