Monsieur le ministre, ces derniers mois, la crise sanitaire a révélé bien des fragilités, des lenteurs et des inadaptations dans l’organisation de notre État et de notre administration. Pourtant, c’est à ce même État que les Français sont attachés.
Dans les mois à venir, je l’espère, la question de la relance de notre économie sera posée. Nous avons raté la crise, ne ratons pas la reprise. Nous pouvons faire de la relance l’antithèse de ce qui a été défectueux, en agissant directement, au plus près du terrain.
Pour cette raison, les préfets sont aux côtés des collectivités locales, qui ne manquent pas d’expertise pour développer des projets économiques et industriels, comme c’est le cas dans mon département des Ardennes.
Il y a moins d’un an, ma collègue Sophie Primas proposait la mise en place de task forces de simplification administrative pour les nouvelles implantations industrielles, autour des préfets et en lien avec les élus locaux. Elles sont nécessaires pour encourager la relocalisation de notre économie.
Les services de l’État doivent faciliter davantage encore les projets locaux. C’est dans ce cadre que l’on peut imaginer une saine articulation, non seulement entre les différents échelons publics, mais aussi entre les acteurs publics et les acteurs privés autour du préfet, qui joue un rôle clé.
Nous ne voudrions toutefois pas que nos espoirs soient gâchés par nos craintes, et nous avons donc des questions à vous poser, monsieur le ministre.
Le préfet est le délégué territorial de l’Agence nationale de la cohésion des territoires. Quel est précisément son rôle à ce titre ? Quelles sont ses libertés et ses initiatives ?
Dans les Ardennes, nous avons la chance de disposer d’un préfet à la relance. Comment son rôle s’articule-t-il avec celui des préfets ? Il faut adresser un message clair sur ce point, car cela est source d’incompréhension.
Quels seront également les liens des préfets avec les acteurs économiques ? Qu’en est-il par exemple des friches contrôlées par l’État, évoquées dans le pacte Ardennes ?
Monsieur le ministre, le préfet n’est pas seulement une image d’Épinal de la déconcentration. Il doit aussi être l’incarnation vivante et adaptée de l’État stratège, avec plus d’autonomie et de prérogatives. À ce titre, n’hésitons pas à renforcer ses compétences en matière d’éducation et de santé, sujets que l’actualité rend prioritaires. Le préfet doit illustrer la réinvention du rôle de l’État au XXIe siècle, dans une logique de complémentarité avec les élus locaux.