Intervention de Fabien Gay

Réunion du 25 mars 2021 à 14h30
Veolia-suez : quel rôle doit jouer l'état stratège pour protéger notre patrimoine industriel — Débat interactif

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Monsieur le ministre, ce débat aurait pu s’intituler : « À quoi joue l’État, ou plutôt l’exécutif, dans l’affaire Suez-Veolia ? »

Cela fait maintenant plusieurs mois que nous assistons à une mauvaise partie de Monopoly. Le premier coup de dés fut la privatisation d’Engie au travers de la loi Pacte, et sa scission en deux entités selon le plan Clamadieu – équivalent du plan Hercule pour EDF – pour qu’une partie de ses activités soit revendue à Total.

Puis, vous avez enchaîné avec la vente des parts de Suez que possédait Engie, pourtant stratégiques, à Veolia qui, grâce à ce cadeau, a pu lancer son OPA hostile. L’enjeu de la partie consiste à gérer la majeure partie de l’or bleu de notre pays, les déchets et les services à l’environnement indispensables pour assurer la transition écologique.

Comment expliquer, comment croire que le projet d’absorption de Suez ait pu surprendre par sa rapidité d’exécution l’État, à la fois comme puissance publique et comme actionnaire d’Engie, mais aussi de Veolia, puisque la Caisse des dépôts et consignation en est le premier actionnaire ?

Après Alstom, Nokia, Technip, Engie, General Electric, les Chantiers de l’Atlantique, la volonté de privatiser ADP et de casser EDF, nous assistons aujourd’hui au démantèlement d’un champion français de la transition écologique.

Je constate que vous avez en horreur les monopoles lorsqu’ils sont publics et que vous estimez alors qu’il faut organiser la concurrence. En revanche, cela ne vous dérange absolument pas que des monopoles privés se constituent au seul profit des actionnaires et au détriment des usagers, des salariés et des collectivités.

Dès lors, la seule question est la suivante : quand l’exécutif décidera-t-il d’arrêter la grande braderie afin de permettre à l’État de jouer son rôle de garant de l’intérêt général, de stratège et d’actionnaire ? En tant que bien commun, l’eau ne devrait-elle pas faire partie des secteurs stratégiques et, à ce titre, comme l’avait indiqué le président Macron, être tenue en dehors des lois du marché ? Nous pourrions ainsi œuvrer à la création d’un grand service public de l’eau.

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