Gaulliste « canal historique » – vous me connaissez, monsieur le ministre –, je suis attaché au principe de l’intervention de la puissance publique quand il s’agit de défendre l’intérêt de la Nation et ce qui reste de son patrimoine industriel.
Nous avons là deux champions européens dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et du traitement des déchets. Le respect de la juste concurrence permet aux collectivités de pouvoir les mettre en compétition pour leur délégation de services publics.
Aujourd’hui, Veolia lance une OPA hostile sur le groupe Suez après avoir racheté 29 % du capital de cette société à Engie, avec la bénédiction du Gouvernement – ne vous en déplaise, monsieur le ministre.
Certains nous expliquent que ce rachat déboucherait sur la création d’un « champion mondial » dans le domaine. Ne serait-il pas plus pertinent de garder deux champions nationaux, voire européens, comme le propose Suez, dans une solution qui serait négociée ?
Rappelez-vous, monsieur le ministre, les prétendus champions européens ou mondiaux que nous devions créer lors de la reprise d’Alstom par General Electric, ou bien celle d’Alcatel par Nokia, rapprochements soutenus par le Président de la République, encore ministre à l’époque ! On sait ce qu’il en est advenu.
À cette logique de fusion-absorption systématique, je préfère la saine concurrence qui renforce la créativité, l’innovation, et l’investissement massif en recherche et développement.
Je ne prendrai que deux exemples. Comment contester le statut de leader des groupes LVMH et Kering, ou bien encore celui des groupes EDF et Engie, pourtant concurrents en France ?
Monsieur le ministre, je crains qu’en matière de stratégie économique le Gouvernement ne suive la même pente que pour la gestion de la crise sanitaire, à savoir l’improvisation, les changements erratiques et l’absence de cap.
Comment expliquer aux Français que l’État n’intervienne pas dans la cession des parts qu’Engie possédait dans Suez, ouvrant ainsi la porte à la fusion des deux sociétés, et que le Gouvernement réclame ensuite le maintien des deux leaders, la protection de l’emploi et la préservation intégrale de la concurrence ? Vous pratiquez toujours le « en même temps » ! Où est l’État stratège ?
Monsieur le ministre, une bonne fois pour toutes, quelle est votre position sur ce dossier ?