De gaulliste à gaulliste, monsieur Cadec, nous défendons la même position, celle de la préservation d’une concurrence entre deux champions industriels français. Comme je le dis depuis le début de ce débat, je pense que c’est la bonne option. Maintenir cette concurrence permettra non seulement de préserver le plus grand nombre d’emplois possible, mais aussi de créer la compétition nécessaire, notamment pour faire évoluer les technologies et les usages. Nous nous rejoignons donc sur ce point.
Quant à la stratégie de l’État, elle est extraordinairement claire. Il s’agit tout d’abord de garantir la reconquête industrielle du pays : à cet égard, nous sommes la seule majorité depuis des années à avoir réussi à recréer des emplois industriels dans notre pays.
Il s’agit ensuite de favoriser les rapprochements d’entreprises lorsqu’ils sont pertinents et qu’ils donnent des résultats, notamment sur les technologies critiques. Nous l’avons fait dans le domaine des microprocesseurs en créant la très belle entreprise franco-italienne STMicroelectronics. Dans le domaine de l’optique, nous avons soutenu le rapprochement entre Essilor et Luxottica, qui fonctionne remarquablement bien. Quant au rachat par Alstom de Bombardier Transport, il est la preuve que la France détient des atouts considérables dans le secteur du transport ferroviaire.
Par conséquent, l’un des éléments centraux de notre stratégie est de savoir saisir toutes les occasions de consolider et de renforcer nos positions.
En revanche, dès lors que nous estimons que des technologies clés sont en jeu, nous nous opposons sans aucune hésitation à toute tentative de rapprochement.
Je n’ajouterai qu’un exemple à ceux que j’ai déjà cités : nous nous sommes opposés à ce que l’entreprise Photonis soit cédée à un leader américain qui est pourtant un partenaire régulier de la France, parfaitement respectable, car la ministre des armées Florence Parly et moi-même avons estimé qu’il s’agissait d’un élément stratégique dans le domaine de la vision nocturne.
L’autre volet de notre stratégie consiste donc à savoir refuser la cession de technologies dont nous considérons qu’elles relèvent de la souveraineté nationale.
Enfin, comme je l’ai dit dans mon intervention liminaire, nous souhaitons favoriser l’investissement, la recherche et l’innovation, parce que c’est ainsi que nos industriels pourront le mieux réussir.