Je suis très heureux, monsieur le sénateur, que vous portiez ce débat au-delà de l’affaire Suez-Veolia, en abordant la question de la place de l’État dans l’économie. C’est un sujet majeur, dont l’actualité a été renforcée par la crise économique, car l’État a joué durant cette période un rôle de protection comme il ne l’avait pas fait depuis des décennies.
Cependant, au moment où nous sortirons de cette crise, il sera très important de définir clairement devant nos compatriotes, le rôle que nous souhaitons que l’État joue dans l’économie.
Pour moi, je le redis, l’État remplit trois fonctions essentielles, et je rejoins les propos que vous avez tenus. Premièrement, l’État doit protéger. Ainsi, lorsque l’ordre public économique n’est pas respecté, l’État est là pour dire le droit et le rétablir, notamment au profit des plus fragiles et des salariés.
L’État protecteur doit aussi protéger la Nation contre les investissements de pillage, qui ne visent qu’à récupérer les technologies, les start-up et les savoir-faire dans lesquels nous avons investi depuis des décennies. En effet, seuls sont bienvenus en France les investissements durables, porteurs d’emplois et créateurs de richesses. C’est grâce à cela que notre nation est la plus attractive d’Europe pour les investissements étrangers.
La deuxième responsabilité de l’État consiste à garantir la pérennité et la solidité des services publics qui font partie de notre culture économique et qui sont une fierté pour notre nation.
Dans le plan de relance, nous avons dégagé 20 milliards d’euros pour les entreprises publiques. Nous avons aidé Air France et Renault, nous continuerons d’aider la SNCF pour laquelle 4, 5 milliards d’euros ont déjà été décaissés. Nous croyons aux services publics et nous les soutenons.
La troisième responsabilité de l’État est celle que vous venez d’indiquer, et je crois qu’elle est majeure, puisqu’il s’agit du développement de nouvelles filières industrielles qui ne seraient pas rentables sans le soutien de l’État.
Si l’État ne soutient pas le développement de batteries électriques, il n’y aura pas de production de batteries électriques en France, et nous continuerons à dépendre de la Chine et de l’Asie. Si l’État ne soutient pas le développement de semi-conducteurs chez STMicroelectronics ou ailleurs, il n’y aura pas de développement de semi-conducteurs, parce que l’investissement coûte trop cher et n’est pas rentable. Si nous ne soutenons pas massivement le développement de la filière hydrogène, aucun acteur privé ne pourra le faire seul, compte tenu du coût et du manque de rentabilité dans les cinq ou dix prochaines années. Le soutien de l’État est donc indispensable à cette nouvelle filière industrielle.
Je me réjouis que nous développions, en un an, davantage de filières industrielles, en France et en Europe, que tout ce qui a été fait depuis vingt ans.