Intervention de Édouard Courtial

Réunion du 25 mars 2021 à 14h30
Veolia-suez : quel rôle doit jouer l'état stratège pour protéger notre patrimoine industriel — Débat interactif

Photo de Édouard CourtialÉdouard Courtial :

Monsieur le ministre, le rachat de Suez par Veolia est souvent présenté, à raison, comme la bataille de l’eau. En effet, cette opération est susceptible d’avoir des conséquences importantes et très directes non seulement pour nos concitoyens, mais aussi pour les élus locaux qui gèrent la ressource. Elle suscite, à ce titre, des préoccupations bien légitimes auxquelles l’État doit répondre, en prenant toutes ses responsabilités.

Ces inquiétudes s’expriment notamment au sujet de la cession éventuelle par Veolia de la branche « eau » de Suez au fonds d’investissement Meridiam, afin de garantir la poursuite d’une véritable concurrence.

En effet, il est impossible que la France ne compte qu’un seul géant de l’eau, dans la mesure où Veolia et Suez sont déjà pratiquement en situation de duopole sur ce secteur, puisque le groupe SAUR, qui constitue le troisième acteur, est bien plus petit.

Au terme des auditions conduites conjointement par la commission des affaires économiques et celle du développement durable, qui suivent ce dossier avec constance et précision, il est apparu que les responsables de Suez doutaient de la capacité du fonds à maintenir et à développer les savoir-faire de l’entreprise, et donc à exercer la pression concurrentielle promise.

En effet, Meridiam n’est pas spécialisé dans le secteur de l’eau. Certes, le fonds d’investissement réoriente ses actifs vers des activités relatives au développement durable. Cependant, dans la mesure où il gère 8 milliards d’euros d’actifs, quelle est sa capacité à absorber Suez « eau » dont le chiffre d’affaires est de plus de 2 milliards d’euros ? Écrasé par les dettes, sera-t-il contraint de désinvestir in fine presque la totalité de ce qu’il aura acheté ?

Monsieur le ministre, quelles garanties avez-vous obtenues de la part de ce fonds d’investissement ? En effet, dans cette opération, nous savons ce que nous perdons – deux champions internationaux français –, mais nous ne savons pas précisément ce que nous gagnons. Il revient à l’État, actionnaire minoritaire d’influence via Engie, de s’en assurer, afin d’éviter toute mauvaise surprise, comme elles ont pu se produire dans le passé, à l’occasion de cessions malheureuses.

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