Il n'y a pas de fatalité à la pénurie de médecins. Elle résulte des politiques publiques conduites pendant des années. Nous ne manquons pas de pharmaciens ou d'infirmiers. Le sujet de fond réside plutôt dans la manière dont la médecine a été abordée et organisée en France. Nous sommes l'un des rares pays organisant à partir de financements publics la cohabitation d'acteurs sur lesquels pèsent des droits et des devoirs très différents. Le fonctionnement des ARS était tout à l'heure pointé du doigt. N'oubliez pas qu'elles n'ont pas la main sur l'ensemble des acteurs de santé, mais uniquement sur les acteurs publics. Les libéraux suivent leur propre mode de fonctionnement sans toujours être parties prenantes de l'intérêt général. Je suis moi-même critique vis-à-vis des ARS, mais ne les accusons pas de tous les maux. Le système est organisé de telle manière à ce qu'elles ne puissent pas agir sur tous les leviers.
Nous avons organisé la pénurie de médecins durant des années. Nous réalisons sans doute que c'était un choix stratégique produisant des effets que nous vivons et subissons tous. Si nous voulons assister à un changement, il suffit d'opérer le contraire et de remettre la question des droits et obligations de chacun au centre du débat. Il n'y a pas de questions taboues en médecine. Le Président de la République a indiqué que 30 % des dépenses de santé en France étaient sûrement inutiles. Leur régulation est un sujet important, qui nous permettra peut-être de nous interroger sur la place de chaque acteur dans le système.