Quand l'expert-comptable n'est pas payé, il est en effet difficile de lui demander d'être le meilleur ami de l'entreprise en difficulté. Les choses sont claires. Madame Berthet, puisque vous avez la chance de rencontrer le ministre tout à l'heure, dites-lui les difficultés d'un expert-comptable pour être au courant des difficultés au quotidien de l'ensemble de ses clients. C'est impossible. Cette situation est différente de celle du banquier, qui constate tous les matins devant son écran la dégradation des découverts autorisés ou non. C'est pour cette raison que nous avons décidé, en tant que chefs d'entreprise retraités, de prendre les choses en main. Nous devons agir collectivement entre le territoire, les élus, le développement économique des territoires et tous les acteurs qui bordent l'entreprise, pour créer un lien de confiance avec le chef d'entreprise. Lorsque celui-ci commence à avoir des doutes sur la pérennité de son entreprise, il ne les partage pas et par nature, se renferme. Par conséquent, notre mission est de gagner la confiance de tous les acteurs du territoire pour sauver un maximum d'entreprises, ce qui facilitera grandement la tâche des autres acteurs, dont font partie les experts-comptables. Lorsqu'une entreprise arrive au tribunal avec une créance de 20 000 euros de charges sociales, il est possible qu'elle en reparte avec une créance de 30 000 euros en raison des frais de justice. Par conséquent, la valeur ajoutée est de trouver la solution en amont pour éviter cette situation. Nous avons passé des accords avec les Urssaf pour que l'ensemble des sommes inférieures à une somme de 10 à 20 000 euros ne fassent pas l'objet d'un recours à l'huissier de justice. Ces créances nous sont envoyées en amont afin que nous trouvions une solution, tandis que l'Urssaf adresse dans le même temps une lettre demandant au débiteur de nous contacter. Si la créance n'est pas directement remboursable et que la cotation Banque de France se dégrade, l'éventualité pour l'entreprise de devoir aller au tribunal ne pourra être évitée. Il est néanmoins intéressant de constater qu'à l'heure actuelle, les Urssaf sont dans une démarche de sauver les entreprises qui peuvent l'être, plutôt que de recouvrer leurs créances en première intention. C'est un vrai changement car les Urssaf deviennent par là même des fournisseurs des entreprises. Par conséquent, nous sommes en mesure de sauver les petites entreprises dès lors que leurs petites créances ont pu être anticipées. Il s'agit donc de pouvoir les accompagner, les former et trouver des solutions financières. Ce sauvetage en amont permet d'ouvrir à nouveau la porte au banquier pour financer des investissements, ainsi qu'à d'autres financeurs tels que les réseaux Initiative (qui financent le haut de bilan) ou les GPA (qui financent le BFRbesoin en fonds de roulement). L'ensemble de ce dispositif collectif a du sens.