A la CPME, nous préférons évoquer le traitement de la vulnérabilité plutôt que la prévention. Vous avez entendu la conviction et l'expertise de Patrice Duceau, qui a répondu à certaines questions, notamment celles de la sénatrice Martine Berthet. Je souhaite ajouter quelques points.
Pourquoi le traitement de la vulnérabilité des entreprises, inscrit dans la cCode de commerce depuis 1984, n'a-t-il pas été présenté ? Cependant cette crise que nous traversons a permis de reconnaître aux initiatives, notamment celle de Patrice Duceau en région Centre Val-de-Loire - et avant cela, à la CPME - ainsi que celles des branches.
S'agissant des signaux faibles, comme le disait le président Yannick Ollivier, le problème est en amont. Traiter de la vulnérabilité, c'est sortir le dirigeant d'une TPE ou d'une PME de la solitude dans laquelle il s'enferme. La façon de sortir de cet isolement est de lui permettre de rencontrer l'un de ses homologues. Tous les outils précédemment évoqués ont leur utilité, mais les Groupements de prévention ont précisément pour caractéristique de faire se rencontrer un entrepreneur et un ancien homologue. Par conséquent, c'est le rôle du bénévolat économique de jeunes retraités qui ont réussi leur vie professionnelle, et qui souhaitent rendre quelque chose aux entrepreneurs de leur territoire. Les GPA ont pleinement réussi cette mission, et j'insiste sur cette dimension. Nous-mêmes, dans les organisations professionnelles et interprofessionnelles, n'avions pas conscience de ce rôle d'écoute des difficultés des entreprises. Au début de la crise sanitaire, je disais que si nous étions en capacité de mettre la réserve sanitaire au chevet de nos services hospitaliers, nous devrions être capables de faire de même au service de l'économie pour faire face aux difficultés grandissantes.
Aujourd'hui, la CPME met en place sur l'ensemble du territoire les groupements de prévention, composés de 1 500 bénévoles dans la France entière. Ces bénévoles interviennent au chevet des entreprises le plus en amont possible. Traiter de la vulnérabilité, c'est aussi traiter la mutation à laquelle font face les entreprises. La CPME a diligenté une enquête entre le 8 et le 20 janvier dernier. Il en ressort que plus de la moitié des chefs d'entreprise disent ne pas connaître le plan de relance et les conditions dans lesquelles ils pourraient y recourir. L'isolement est aussi constitué de l'absence de visibilité sur les dispositifs et conseils auxquels les entreprises auraient droit, pour leur permettre un rebond.
Il a été question du PGE. La CPME milite pour que nous puissions obtenir de Bercy la mise en place d'un prêt de consolidation. Au-delà des mesures très utiles mises en place au fil de l'eau depuis de nombreux mois, il faudra comprendre que la plupart des entreprises ne seront pas en capacité d'amortir le PGE. Il faut en avoir conscience, et par conséquent prévoir un aménagement plus proche du modèle allemand, avec des remboursements de moyen terme à huit ans. Par conséquent il est nécessaire de desserrer l'étau et d'éviter cette perception du mur de la dette qu'ont de nombreuses entreprises - essentiellement des TPE et PME - ayant recouru au PGE.