Il faut repartir de la question du sens du travail. Des salariés de Sanofi me disaient qu'ils étaient fiers d'y travailler il y a vingt ans, car ils travaillaient pour trouver des médicaments et soigner les malades, mais, aujourd'hui, ils ont le sentiment de « faire du fric » pour les actionnaires. Ce constat est général dans le monde du travail, public comme privé : les gens ne savent plus pourquoi ils travaillent, et cela a des effets sur la santé. La transformation numérique est déjà une réalité, souvent les machines et les algorithmes dirigent déjà le travail, le plus souvent, d'ailleurs, dans l'opacité. Les employés des plateformes pensent que le salariat est une contrainte, mais ils confondent dépendance et autonomie. Ils veulent une meilleure protection sociale et une meilleure rémunération, mais ils sont en fait dirigés par des algorithmes. L'actionnariat salarié, pourquoi pas, mais il faut poser la question du sens du travail : la révolution numérique ne doit pas viser à pressurer les salariés au profit des actionnaires, mais à trouver une meilleure organisation du travail et donc améliorer les salaires.