Intervention de Fabrice Angei

Délégation aux entreprises — Réunion du 11 mars 2021 à 9h00
Audition plénière — Table ronde avec les syndicats de salariés

Fabrice Angei, secrétaire confédéral de la CGT :

L'actionnariat salarié est une idée gaulliste ancienne, remise au goût du jour par la loi Pacte ou avec l'idée d'une répartition des profits à parts égales entre l'investissement, les actionnaires et les salariés. Mais c'est problématique. Tous les salariés ne bénéficient pas à égalité des primes d'intéressement. Les « premiers de corvée » risquent de ne pas s'y retrouver. La rémunération doit aussi dépendre des qualifications, et non de la richesse de l'entreprise. L'essentiel est donc le salaire, avant d'instaurer l'actionnariat salarié qui, lui, participe à la logique de profit de l'entreprise.

Sur la requalification professionnelle des travailleurs des plateformes, les personnes réclament des garanties : sécurité sociale, mais aussi rémunération. Les travailleurs de ces plateformes sont attachés à l'autonomie et à l'indépendance. Une cellule CGT vient d'ailleurs de se créer à Cherbourg. Nous considérons qu'il faut revoir la définition du salarié : c'est quelqu'un qui ne tire pas profit de son activité. Cela permet de surmonter le débat pour savoir s'il s'agit de faux indépendants ou de salariés, en mettant l'accent sur la recherche d'autonomie des salariés. Malheureusement, nous n'avons pas été écoutés, et finalement, on aboutit à la création d'un tiers-statut.

Si on ne l'encadre pas, le numérique aboutit à appauvrir le travail et entraine une perte de sens. Il ne faut pas laisser les algorithmes décider ; ceux-ci ne sont qu'une aide à la décision. Nous proposons de créer des réseaux d'échanges numériques entre managers de proximité, d'utiliser les outils numériques pour développer le travail en équipe et d'instaurer un temps consacré à la coconstruction collective des usages numériques. Le numérique n'est qu'un outil. Il permet d'augmenter les profits, mais il peut aussi être utilisé pour améliorer les conditions de travail. Le travail s'étend désormais au domicile avec le télétravail, avec le risque d'un empiètement sur la vie privée. Il faut en tenir compte dans la prévention, mais nous n'avons pas été entendus dans l'accord national interprofessionnel. La réduction du temps de travail nous semble plus à même de redistribuer les richesses, que l'actionnariat salarié.

Nous sommes attachés à la négociation collective, qui est différente du dialogue social. La plupart des PME sont inscrites dans une chaîne de valeur et de sous-traitance. Il faut prendre en compte ce cadre-là et la responsabilité des donneurs d'ordre sur leurs sous-traitants. À Rodez ou à l'usine Sam technologies dans l'Aveyron, nous essayons de réunir tout le monde - l'employeur, l'État, les donneurs d'ordre, les salariés - pour trouver des solutions. Même si l'ANI facilite le dialogue de proximité au sein des TPE-PME, il convient de définir des normes pour garantir les droits des salariés et qu'ils soient identiques à ceux des salariés des grands groupes. C'est possible par le biais des accords de branche.

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