Les différences de vocabulaire que vous avez relevées sont dues au fait que nos associations ne s'adressent pas aux mêmes publics. Il est donc normal que nous ne qualifiions pas les situations de la même manière. Cela met aussi en évidence l'absence de planification des réponses en fonction des différentes situations de précarité. Il est regrettable qu'aucune autorité ne s'empare du sujet de manière globale, pour apprécier le besoin d'aide alimentaire en le segmentant selon les publics. Il est vrai que cela serait très difficile à faire, car les associations sont autonomes et ont chacune une approche différente.
Pouvons-nous apprécier l'ampleur des besoins non pourvus ? Par définition, nous ne voyons que les personnes qui frappent à notre porte. Il me paraît ensuite difficile de mesurer précisément les besoins supplémentaires.
Cela pose la question du non-recours au droit. En effet, dès avant la crise, l'aide alimentaire ne couvrait que 50 % des besoins des personnes vivant sous le seuil de pauvreté : alors que l'on estime à 8 millions le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, 5,5 millions de personnes avaient recours à l'aide alimentaire, avec vraisemblablement de nombreux doublons. On peut donc estimer que la moitié du public qui pouvait y avoir droit ne fréquentait pas les associations d'aide alimentaire. Une appréciation dynamique de l'évolution de ce ratio est difficile mais l'ordre de grandeur est aujourd'hui celui-ci.