Je souhaiterais réagir, en présentant une autre façon de poser la question. Quand Philippe Pointereau met en avant une économie de 20 % d'azote, quelle est l'origine de l'azote qu'on trouve dans le digestat ? Au départ, pour parler de la Bretagne, en résumé c'était « moins d'azote pour les algues vertes ». Ce qu'on désigne sous les termes de culture dédiée faisait plutôt référence à la notion de Culture intérmédiaire piège à nitrate (Cipan). C'était le résultat d'une spécialisation en élevage en Bretagne sans doute exagérée, et d'animaux élevés sur caillebotis et non sur la paille. Il y avait donc un problème de lisier et non pas de fumier.
Quand on parle de bilans carbone et azote, la question primordiale consiste à savoir si on ne pourrait pas mettre des légumineuses dans nos rotations pour les animaux en élevage, qui seraient élevés sur la paille et produiraient du fumier. C'est un tout autre cycle de l'azote et du carbone !
Dans les évaluations qu'on me présente toujours avec des « bilans géniaux », je n'ai pas de réponse à ces vraies questions. On comprenait pour les Cipan, mais maintenant, il existe des cultures dédiées situées dans des régions de non-élevage qui pourraient être des plantes pièges à nitrate. Or après récolte de ces cultures intermédiaires, on constate souvent un manque de nitrate, voire une fin d'azote. Je voudrais donc avoir la certitude qu'on n'apporte pas un engrais azoté de synthèse, qui aurait été coûteux en énergie fossile, pour fertiliser une culture intercalaire, et pour que les nitrates se retrouvent dans les nitrates ! En ce qui concerne tout cet aspect « amont » et les coûts d'opportunité, c'est-à-dire l'autre usage qu'on aurait pu faire de l'azote, je n'ai pas toujours les réponses.