Pour poursuivre sur le sujet des algues vertes, je voulais insister sur le fait que, à l'heure actuelle, dans le cadre du plan de lutte contre les algues vertes n° 2 (PLAV 2), la méthanisation figure toujours comme un outil.
Je voudrais parler des autres formes de techniques de méthanisation. Les lisiers, lorsqu'ils sont dans leurs fosses, génèrent du méthane : des installations très légères pourraient simplement récupérer le méthane qui y est produit.
Je voudrais également revenir sur le problème de l'azote. Quand on méthanise des lisiers, lorsqu'on épand du digestat, in fine on épand plus d'azote que ce qu'on épandait sous forme de lisier sans méthanisation ! On ne peut pas faire fonctionner un méthaniseur avec 100 % de lisier, donc on introduit forcément d'autres cultures - de l'ensilage de maïs, de l'herbe, des CIVE - qui elles-mêmes contiennent de l'azote. On se retrouve, « à la sortie » du processus de méthanisation, avec l'azote qui se trouvait dans les lisiers, plus celle issue du maïs, éventuellement des ensilages d'herbe et dans les CIVE, etc. C'est un point très important.
Le problème de la maîtrise de cet azote se pose également, en des termes particulièrement difficiles au demeurant pour le digestat : compte tenu de son pH élevé, une part importante de cet azote va se volatiliser. Finalement, les agriculteurs ne connaissent pas la vraie valeur fertilisante du digestat. Un digestat est plus difficile à gérer qu'un engrais de type ammonitrate, ou même qu'un lisier. En effet, la teneur en azote que le digestat a rendue au sol est inconnue, car le taux de volatilisation de l'azote sous forme ammoniacale est très variable. Il dépend de nombreux paramètres : du pH du digestat, des engins d'épandage utilisés, etc.
Finalement, il est extrêmement complexe et difficile de faire de la fertilisation raisonnée avec un digestat. On a des témoignages de sous-fertilisation et de baisse de rendement avec les digestats, car les exploitants n'ont pas pris en compte la part qui se volatilise. Le risque auquel ces derniers s'exposent également est d'être confrontés, pour ainsi dire, à une « sur-fertilisation d'assurance » : les agriculteurs, pour être certains d'atteindre de bons rendements, vont sur-fertiliser avec le digestat pour se garantir de tout ce qui va partir sous forme de volatilisation ammoniacale.