Sur la cyberguerre, il y a eu effectivement une énorme attaque en 2020, rendue publique mi-décembre, l'attaque SolarWinds, menée par des cyberpirates russes et qui en réalité se déroulait depuis le mois de mars. Début 2020, la société SolarWinds, spécialisée dans la fourniture de logiciels de gestion, a proposé une mise à jour à ses clients. Dans cette mise à jour, les cyberpirates russes avaient mis des programmes malveillants destinés à s'introduire dans les systèmes. Les pirates ont eu au moins neuf mois pour espionner de l'intérieur et installer des « portes dérobées » leur permettant d'entrer facilement dans le futur. Les clients sont, pour beaucoup, des ministères.
Il y a eu aussi une attaque menée par la Chine contre Microsoft, qui a été rendue publique il y a quelques semaines. On peut parler d'un véritable « farwest » dans le monde cyber.
Ne blanchissons pas trop non plus les Etats-Unis parce que eux-mêmes conduisent des attaques cyber, je pense notamment à l'attaque menée en 2009 contre les centrales nucléaires civiles iraniennes de production d'électricité. Ils avaient introduit un « ver » informatique dans leurs systèmes qui avait paralysé le fonctionnement de ces centrales.
On est comme au début de l'ère nucléaire : il y a une nouvelle vulnérabilité face à l'apparition de nouvelles armes et le système international n'a pas encore mis en place de règles communes pour les réguler. Ce sera plus compliqué car les acteurs ne sont pas tous étatiques et que les cyberattaques jouent sur le plan sécuritaire, sur les infrastructures, mais aussi dans le champ du politique, je pense notamment à l'exemple de l'entreprise Cambridge Analytica qui avait volé les profils Facebook de 87 million d'Américains pour faire du ciblage politique pendant la campagne de 2016.
On a une lueur d'espoir, car l'administration Biden a décidé de mener un effort diplomatique pour que la communauté internationale se saisisse du sujet et établisse des règles permettant de sanctionner ceux qui ne s'y plient pas.
En ce qui concerne l'autonomie stratégique européenne, certains sont chagrins de l'élection de Joe Biden car, avec cette nouvelle administration qui croit à nouveau au projet européen, ils craignent que les Européens aient moins la volonté de se débrouiller tout seuls.
A l'élection de Donald Trump en 2017, Angela Merkel avait dit que les Européens devraient se débrouiller seul, ce qui, de la part d'une chancelière allemande est une déclaration assez forte.
Malgré tout je pense que c'est trop pessimiste de penser cela.