Je voudrais revenir, tout d'abord, sur l'agressivité du président Biden et de son administration vis-à-vis de la Russie et de la Chine. J'aimerais vous proposer une interprétation supplémentaire, qui est que depuis au moins Jimmy Carter dans les années 70, les présidents démocrates sont systématiquement attaqués par leurs adversaires républicains sur les questions de politique étrangère sur le thème de la faiblesse. Sans exclure l'hypothèse de la « gaffe » concernant Vladimir Poutine, il y a peut-être aussi un calcul de politique intérieure qui consiste à se montrer extrêmement ferme d'emblée pour couper court à des critiques politiciennes venues de la droite de l'échiquier politique américain.
En ce qui concerne les avancées de la Chine à l'ONU, je voudrais faire un retour en arrière sur l'année 2020 avant la pandémie. Comme on l'a dit, Donald Trump avait pris de la distance par rapport au multilatéralisme, ce qui se traduisait par une sorte de politique de la chaise vide des Etats-Unis dans les instances internationales. En réalité, ils se sont rendus compte, fin 2019 - début 2020, que cette attitude était contre-productive parce que, la nature ayant horreur du vide, les Chinois commençaient à investir tout un tas d'organisations et d'agences de l'ONU. Notamment le siège de l'agence mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) était en jeu, ce qui était très inquiétant compte tenu de l'attitude prédatrice de la Chine par rapport à la propriété intellectuelle des investisseurs occidentaux. L'administration Trump s'est alors saisie du sujet et a nommé début 2020 un envoyé spécial à l'ONU pour la défense des intérêts américains au sein des institutions internationales, M. Mark Lambert, pour contrer les avancées de la Chine. Celui-ci a mis en place à partir de janvier 2020 une sorte de campagne pour empêcher l'élection du candidat chinois à l'OMPI, permettant l'élection d'un Singapourien. Ainsi, dès la fin de l'administration Trump, il y avait eu une prise de conscience du fait que les Etats-Unis ne devaient pas renoncer à leur présence et à l'affirmation de leurs valeurs dans les organisations internationales. Il est évident qu'avec l'administration Biden, cette politique va se poursuivre.
Sur la politique des vaccins et la possibilité d'un traité international sur ce sujet, je pense que les Etats-Unis de Biden seront favorables, même si je n'ai pas d'informations plus précises.