N'a-t-on pas tendance en Europe, et en particulier en France, à surdéterminer les choix de politique étrangère à l'aune du président américain ? Je travaille depuis des années avec les parlementaires américains, aussi bien démocrates que républicains, je participe avec eux à des webinaires sur des questions stratégiques. Je me souviens d'un faucon qui, sous l'ère Trump, m'avait dit n'avoir aucune confiance en la fermeté de l'ex-Président à l'égard de la Chine, estimant que celui-ci serait « pro-chinois » si elle lui garantissait une victoire aux élections. Ce qui est notable pourtant, c'est l'apparition d'un consensus bipartisan sur la Chine. Pendant longtemps, les démocrates se focalisaient sur les questions de droits de l'homme et les républicains sur les questions de compétition économique. Désormais, il y a une forte convergence. Je voudrais insister sur le rôle important du Congrès en matière de détermination de la politique étrangère. En 2019, alors que le Hong-Kong Human Rights and Democracy Act a été voté à l'unanimité au Sénat et à la quasi-unanimité à la Chambre des représentants, le président Trump, qui rechignait à signer ce texte, s'y est finalement résolu après que les deux chambres ont menacé de le revoter à l'unanimité. La convergence des deux camps politiques au sein du Congrès n'est-elle pas un élément plus déterminant sur les orientations des présidents américains que les convictions des uns et des autres?