Concernant Taïwan, Joe Biden a envoyé un signal fort en invitant, pour la première fois depuis la reconnaissance de la Chine populaire et la rupture des relations diplomatiques avec l'île à la fin des années 70, l'envoyé spécial de Taïwan à sa cérémonie d'investiture. Il faut prendre ce geste comme une ligne rouge tracée par le président américain concernant Taïwan, au regard des événements qui se sont déroulés à Hong Kong. Il n'y a, à cet égard, pas de rupture avec Donald Trump qui avait réaffirmé fortement l'engagement américain en faveur de la sécurité de Taïwan. Il y a également une continuité sur le dossier des droits de l'homme vis-à-vis de la Chine, l'administration Biden ayant maintenu la qualification de génocide à propos de la répression contre les Ouïghours.
Sur la notion de convergence et de rapprochement au sein du Congrès, je voudrais insister - au-delà du possible basculement de la majorité au Sénat, à la faveur d'événements imprévus suscitant des élections partielles - sur la mutation profonde qui est en cours au sein du Parti républicain, qui tend à adopter une ligne nationale populiste identitaire. Ce parti, qui était dominé depuis Ronald Reagan jusqu'à George Bush junior par un courant néo-conservateur qui a beaucoup influencé le conflit en Irak, voit arriver de jeunes élus qui en politique étrangère ont des positions surprenantes et tranchées : refus des interventions militaires lointaines et longues, sentiment moins négatif à l'égard de la Russie... Il n'y a finalement que sur l'hostilité à la Chine que les élus néo-conservateurs et les nouveaux élus trumpistes se rejoignent et c'est sur ce thème que l'administration Biden peut espérer fabriquer du consensus entre républicains et démocrate au Congrès, même si cette hostilité n'a pas les mêmes racines dans les deux camps.