La responsabilité de l'emballement normatif est partagée. Nous avons tous une addiction à la norme. Pour preuve, ces dernières semaines et ces derniers mois, des événements ont tourmenté la société française. Or qu'avons-nous fait ? Nous nous sommes tournés vers l'État.
Toutefois, l'État ne peut plus aujourd'hui agir sur l'ensemble des champs. Par souci de prise en compte de cette demande d'action de la population, la tentation est donc d'annoncer un changement de la norme pour que cette situation ne se reproduise pas. Il est plus facile de changer la norme que de changer la réalité sur le terrain. Les hauts fonctionnaires, qui sont formés pour produire rapidement la norme, l'ont rédigée. Toutefois, la nouvelle norme ne donne pas les résultats attendus et les événements surviennent à nouveau. Ainsi, malgré la création d'une nouvelle norme, les Français n'observent pas de changement. C'est un cercle vicieux ! Ces éléments favorisent la crise de confiance. Chacun doit donc admettre ses responsabilités, pour pouvoir sortir de ce cercle vicieux.
Par ailleurs, à mon avis, les managers de l'action publique doivent pouvoir conduire des projets sur le terrain, en travaillant avec divers acteurs et en évaluant l'action menée. Le bon fonctionnaire n'est pas celui qui rédige la meilleure note sur une question juridique ou le texte le plus élaboré. Il doit plutôt pouvoir déployer le projet sur le terrain et changer la réalité le plus efficacement possible. Je peux vous affirmer que la direction de l'ENA et son conseil d'administration ont bouleversé le déroulement de la scolarité. L'acquisition de compétences professionnelles de terrain est devenue une priorité. Pour preuve, tous les étudiants de l'ENA sont partis en stage dans des petites et moyennes entreprises, et non au sein d'entreprises du CAC 40.