Je reconnais bien là le regard géopolitique très aigu que porte André Gattolin sur les évolutions du moment. Effectivement, nous nous focalisons beaucoup sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, sans voir que celle-ci elle déstabilise en réalité toute la région. L'enjeu des relations entre l'Union européenne et les pays de la région de l'Atlantique nord ne se cantonne pas à la pêche, il est plus global. Concernant la Norvège, la préoccupation est immense. Ce pays donne le sentiment de chercher à tirer profit du Brexit, tout en donnant des gages, malgré tout, à l'Union européenne.
Ce qui est certain, c'est que la déstabilisation actuelle observée dans la zone pèse énormément sur les armements français. Plusieurs bateaux français ont ainsi été empêchés de travailler pendant plusieurs mois, entraînant par la même des pertes considérables. Il me semble qu'aujourd'hui, comme l'évoquait le commissaire Sinkevicius à l'instant, nous devons construire une stratégie globale, exactement comme ce qui a été fait dans l'accord avec le Royaume-Uni. Là aussi, la question consiste à savoir ce que l'on peut mettre dans la balance avec la Norvège, l'Islande et le Groenland, pour que les relations dans le domaine de la pêche se poursuivent.
Il apparaît aujourd'hui impossible de comparer l'accord actuel avec le Royaume-Uni à celui signé avec la Norvège, car ce dernier ne concerne que la pêche et ne porte que sur un nombre limité d'espèces de poissons. Il faut donc intégrer la pêche à une réflexion plus globale sur la stratégie de l'Union européenne dans cette région. Nous n'en sommes qu'aux prémices de cette réflexion, qui doit prendre en compte la protection de l'environnement, comme l'a bien souligné Caroline Roose.