Intervention de Jean Arthuis

Commission des affaires européennes — Réunion du 8 avril 2021 à 8h30
Éducation — Audition de M. Jean Arthuis ancien ministre président d'euro app mobility et du cercle erasmus et communication de Mme Colette Mélot et M. Jean-Michel Arnaud sur le programme « erasmus + » pour l'éducation la formation la jeunesse et le sport

Jean Arthuis, ancien ministre, président d'Euro App Mobility et du Cercle Erasmus :

Les Allemands sont tellement persuadés de disposer du meilleur modèle que leur seul objectif est d'attirer des jeunes de l'Europe entière, en raison de leur déséquilibre démographique. Nous avons un vrai sujet concernant la relation transfrontalière entre l'Alsace et le Bade-Wurtemberg, ainsi qu'entre la Lorraine, la Sarre et la Westphalie. Des jeunes formés dans des CFA se retrouvent avec, comme maîtres d'apprentissage, des entreprises allemandes. Jusqu'en 2018, les régions assuraient le financement ; depuis, les opérateurs de compétences ont pris le relais sans reprendre les engagements des régions.

Le problème, d'ordre juridique, fait l'objet d'une enquête de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS).

J'ai entendu vos témoignages plutôt encourageants. Le vrai sujet est de faire passer le message. Il s'agit de trouver quelques centres de formation capables de redéfinir leur projet pédagogique pour cinq ou dix ans et de faire de cette mobilité un élément d'excellence dans la formation.

Les entreprises recrutent de plus en plus en fonction du caractère, du tempérament de la personne, davantage que du diplôme. Un jeune ayant osé s'immerger pendant trois mois dans un autre pays a déjà envoyé un signal qui le singularise et en fait un très bon candidat pour exercer des responsabilités dans le futur ; il révèle, en tout cas, un marqueur spécifique. À l'entreprise ensuite de lui proposer des conditions de travail qui lui donneront envie de rester.

La loi donne désormais la possibilité aux entreprises d'ouvrir elles-mêmes leur CFA. Si les CFA ne s'engagent pas, une partie des jeunes va leur échapper. On s'apprête à célébrer les 50 ans de la loi de 1971, qui avait institué les CFA ; cette célébration peut être l'occasion, dans vos départements, d'organiser des manifestations et de mettre les directeurs de CFA face à leurs responsabilités.

Pendant trop longtemps, en France, on a considéré que le paiement d'une taxe d'apprentissage exonérait les entreprises d'une obligation de formation. Or, c'est aussi l'affaire des entreprises. Accueillir un jeune en apprentissage n'est pas une opération banale ; cela suppose que le jeune soit accompagné et encouragé à aller à l'international, et cela implique, en retour, d'accueillir un jeune qui vient d'ailleurs. Au-delà des cours, il faut également assurer à ce jeune des conditions d'hébergement satisfaisantes.

Ces opérations étant assez compliquées, les CFA doivent pouvoir s'adresser à des référents et les OPCO être en mesure d'assurer le financement. Si ce n'est pas le cas, cela ne fonctionnera pas.

Les régions devront élaborer des programmes opérationnels. Dans ces programmes, il serait bon d'orienter quelques crédits vers la formation professionnelle et l'apprentissage.

Les très grandes entreprises l'ont bien compris : elles veulent que leurs jeunes soient ouverts à l'international.

Ce sujet nous permet de parler de l'Europe aux jeunes. Dans la confrontation géopolitique qui s'annonce entre la Chine et les États-Unis, que devient l'Europe ? Les jeunes faisant le choix de la mobilité s'ouvrent à des réflexions sur la place de l'Europe et la question des souverainetés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion