Intervention de Sébastien Lecornu

Réunion du 4 mai 2021 à 14h30
Avenir institutionnel politique et économique de la nouvelle-calédonie — Débat organisé à la demande du groupe les républicains

Photo de Sébastien LecornuSébastien Lecornu :

Certes, mais regardons l’histoire et ce qui s’est passé ces vingt dernières années. Tout le monde dit qu’il faut s’engager, mais l’engagement d’un gouvernement ne peut se résumer à des paroles : il faut des actes ! C’est lorsque surviennent les coups durs que l’on parvient à mesurer la fraternité républicaine. En tout cas, le Gouvernement a agi.

Je terminerai en soulignant trois points.

Le premier point concerne le calendrier. Les accords sont clairs : un troisième référendum peut être demandé dans les six mois suivant le précédent. Dès lors qu’il a été demandé, il doit avoir lieu dans un délai de deux ans, ce qui nous amène au mois d’octobre 2022. La décision, qui prend la forme d’un décret portant convocation des électeurs, relève du pouvoir réglementaire : c’est donc au Gouvernement qu’il revient d’agir.

J’attends beaucoup de la rencontre qui doit avoir lieu à la fin du mois de mai.

J’essaie à la fois d’être cohérent et de m’exprimer sans langue de bois, monsieur le président Retailleau. J’observe que les indépendantistes réclament que ce troisième référendum se tienne très vite. N’oubliez pas qu’ils ont la faculté de demander son organisation durant toute cette période : ils auraient pu le faire plus tard ou, ce qui n’est pas interdit étant autorisé, ils auraient parfaitement le droit de retirer leur demande et de la réintroduire dans trois, quatre ou six mois.

Selon une première interprétation, si les indépendantistes demandent aussi rapidement que le référendum ait lieu, c’est sûrement parce qu’ils ont envie qu’il se tienne vite ; c’est une lecture normande et simple de la situation, mais elle est efficace. Les services de l’État se tiennent par conséquent prêts à l’organiser, tant en cette fin 2021 qu’à la fin de l’année 2022 : techniquement, nous faisons en sorte de pouvoir l’organiser quel que soit le cas de figure.

La date retenue dépendra évidemment beaucoup des échanges politiques qui auront lieu à la fin du mois, mais aussi de notre capacité collective à préciser les implications d’une victoire du oui ou du non. J’aurais du mal à assumer la tenue d’un référendum précipité dont les conséquences n’auraient pas forcément été explicitées.

Le choix de la date dépendra donc essentiellement de la discussion politique que nous allons avoir. Je pense que tout le monde viendra à Paris. En tout cas, nous serons présents et, si je dois rester seul, ma main restera tendue pour que l’on puisse avancer sur ce dossier. Tel est notre engagement. L’accord arrive à son terme, et personne ne comprendrait que nous laissions filer les choses et que nous nous désintéressions de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Le deuxième point a trait au travail important que nous avons mené auprès de la société civile. Il n’en pas été fait mention et je sais que ce type de démarche est parfois caricaturé, mais la Nouvelle-Calédonie est un territoire particulièrement jeune où la prise de parole d’un certain nombre d’habitants n’est pas toujours chose aisée.

Je précise, puisqu’il est aussi question du corps électoral dans cette affaire, que ce n’est pas parce que l’on n’est pas inscrit sur les listes électorales que l’on n’a rien à dire. Le travail que nous avons conduit avec la société civile a permis aux corps intermédiaires, à l’université, au patronat, aux syndicats de s’emparer, à un moment donné, de ces questions et de s’interroger sur ce qu’ils souhaitaient faire.

J’ajoute, à l’attention du sénateur des îles Wallis et Futuna, que j’évoque une démarche dans laquelle les Wallisiens et les Futuniens se sont fortement impliqués, notamment parce qu’ils ont longtemps été les grands oubliés de la question calédonienne. Voilà un troisième territoire français du Pacifique auquel on doit s’intéresser au travers des communautés wallisiennes et futuniennes présentes à Nouméa.

Un rapport sur le travail conduit auprès de la société civile sera rendu dans les jours qui viennent. Je le communiquerai aux deux assemblées parlementaires, parce qu’il constituera une base de réflexion et d’échange sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Le troisième point porte sur la proposition de Pierre Frogier.

Là encore, je vais m’exprimer avec beaucoup de franchise. Tout d’abord, je vous remercie, monsieur le sénateur, car toutes celles et tous ceux qui prennent des risques dans ce dossier sont des personnes courageuses.

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