L’innovation technologique est un facteur de développement économique, lequel n’est pas dirigé par une « main invisible » qui tendrait vers le meilleur et le plus juste. C’est aux humains et aux sociétés politiques qu’il appartient d’y mettre de l’ordre et de la justice : notre débat de ce jour sur la souveraineté économique de la France nous renvoie à cette évidence.
Cela étant, pour être effective et aller de l’avant, la souveraineté économique ne doit pas se construire dans le repli : elle doit se nouer dans des partenariats avec celles et ceux qui ont les mêmes objectifs de moyen terme que nous.
Qu’il s’agisse de la fiscalité des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), des risques d’ingérence de puissances étrangères ou de la dépendance de l’État envers des acteurs technologiques extraeuropéens, la question de la souveraineté numérique, évoquée par plusieurs orateurs, est majeure aujourd’hui. Il est donc essentiel de faire émerger, en Europe, de nouveaux acteurs du numérique dont les activités respecteraient les principes et les valeurs des Européens.
Aujourd’hui, le développement de l’industrie numérique et digitale impose sans doute une mise en ordre de l’effort national, mais dans une logique de coopération ouverte et européenne.
Avant tout, il convient de constituer le cadre réglementaire pour circonscrire l’activité des entreprises et des professionnels de ce secteur. Il est également nécessaire de garantir les droits et libertés de nos concitoyens et la capacité d’action des autorités publiques de régulation.
D’un point de vue industriel, comment l’Union européenne et la France contribuent-elles à créer un écosystème vertueux susceptible de constituer demain une concurrence européenne aux Gafam et aux BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) ? Doit-on, comme j’ai cru vous l’entendre dire, se résigner à ce que la bataille soit définitivement perdue ?
Plus précisément, où en est la mise en œuvre de l’initiative européenne sur l’informatique en nuage, l’acquisition de calculateurs à haute performance de nouvelle génération et le développement de la technologie quantique ? Quelle est la part spécifique de la France dans ces chantiers d’avenir ?