Intervention de Cyril Pellevat

Réunion du 4 mai 2021 à 14h30
Souveraineté économique de la france — Débat interactif

Photo de Cyril PellevatCyril Pellevat :

Le sujet que je vais aborder fera certes l’objet d’un débat spécifique ce soir même, mais il s’agit d’une composante essentielle de la souveraineté économique de la France : l’agriculture.

La France importe encore à ce jour 20 % de son alimentation, dont 25 % de la viande de porc, 34 % de la volaille, 50 % des protéines végétales et des fruits. Si nous n’avons fort heureusement pas souffert de pénuries du fait de la crise sanitaire, l’épidémie n’en a pas moins révélé les faiblesses de l’industrie alimentaire française.

Ces considérations ont mené le ministre de l’agriculture et de l’alimentation à annoncer, en décembre 2020, une stratégie nationale pour le développement des protéines végétales. En outre, le budget du ministère consacre 1, 7 milliard d’euros à la compétitivité de l’agriculture.

L’immense majorité de ce budget vise à augmenter les capacités de production agricoles. Il serait pourtant naïf de penser que ces crédits suffiront pour restaurer la souveraineté économique de la France en matière d’agriculture.

Un ensemble de facteurs doit être pris en compte et les investissements ne doivent pas tous être fléchés vers des machines permettant de meilleurs rendements ou l’augmentation des surfaces agricoles.

Le terrible épisode de gel que nous avons connu il y a quelques semaines en est d’ailleurs le parfait exemple : sans investissement dans la résilience de l’agriculture face au changement climatique, l’augmentation de la production est réduite à néant.

De même, sans éducation de la population – il faut expliquer pourquoi les prix de l’agriculture française peuvent être plus élevés tout en insistant sur les bienfaits d’une consommation locale –, nos efforts sont vains.

Il est également important d’appliquer de telles considérations à la commande publique, notamment afin que les collectivités territoriales se tournent davantage vers des solutions d’alimentation locales – je pense notamment aux écoles.

Enfin, j’insiste sur la nécessité d’investir dans la recherche et le développement. Au total, 20 millions d’euros du plan seront destinés à la recherche, mais ce n’est pas suffisant. Notre autonomie, notamment protéique, est un objectif pertinent, mais encore faut-il maîtriser toute la chaîne, car aujourd’hui la majorité de nos semences sont importées.

Madame la ministre, comment prévoit-on d’aider l’agriculture à s’adapter au changement climatique ? Comment comptez-vous inciter à la consommation française ? Allez-vous investir plus massivement dans la recherche pour que la souveraineté alimentaire française ne reste pas une pure utopie ?

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