Intervention de Carole Jung

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 25 mars 2021 : 1ère réunion
Table ronde sur l'entreprenariat des femmes dans les territoires ruraux

Carole Jung, adhérente de l'association Dirigeantes Actives 77, réseau de femmes cheffes d'entreprise en Seine-et-Marne :

La présidente de l'association Dirigeantes Actives 77 n'a pas pu venir à cette table ronde. Je suis moi-même membre d'honneur de cette association.

L'intervention de Marie Eloy était très riche. Je ne vais pas en répéter le contenu.

J'aimerais souligner que je suis devenue adhérente de Dirigeantes Actives 77 après m'être installée dans un tout petit village, alors que j'habitais auparavant à Paris et que j'étais mère. À cet égard, mes amies qui habitent en Suède m'ont indiqué que le regard porté sur les mères n'y est pas le même qu'en France. Dans notre pays, les femmes passent toujours après les hommes. Tant que cette mentalité perdurera, nous ne progresserons pas vers l'égalité.

La notion de réseau permet justement d'affirmer qu'ensemble, les femmes peuvent agir. L'appartenance à un réseau nous permet d'apprendre et d'être connectées avec des interlocutrices qui ne nous ressemblent pas, ce qui est très important.

Lorsque je travaille en tant que scénographe, je dispose d'une équipe. Néanmoins, toutes les questions administratives, juridiques ou relatives au financement me semblent vraiment complexes car je me considère avant tout artiste. A l'inverse, lorsque je suis encadrée par un réseau, je peux progresser. J'ai besoin de ce réseau pour effectuer des rencontres, pour obtenir de l'aide mais également pour trouver du travail. Entre femmes appartenant à un réseau, nous pouvons nous ouvrir mutuellement des horizons.

Habiter un territoire isolé, sans transports, ni médecin, ni école, vous impose d'être toujours sur les routes. Ce choix de vie est difficile même si je le revendique. En tant que femmes, de nombreux éléments concourent toutefois à ce que nous devions nous occuper de nos enfants avant tout.

J'aimerais également souligner que les réseaux comptent une majorité de femmes âgées de plus de cinquante ans qui ont été licenciées en raison de leur âge. Ces femmes deviennent indépendantes car elles ne peuvent pas être à nouveau engagées comme salariées. Cependant, elles souffrent d'un manque de considération. Cette réalité renvoie aux questions de mentalité que j'évoquais. Il est nécessaire de rappeler les difficultés spécifiques que rencontrent les femmes, notamment quand elles sont mères. Elles doivent pouvoir rebondir et se reconvertir.

Les réseaux prennent notre réalité en compte. Ils nous apportent une énergie et une ouverture indispensables. En effet, hors des réseaux, nous ne disposons pas d'aide et nous ne sommes pas considérées. Ma présence aujourd'hui est la preuve que les réseaux nous permettent d'être écoutées. Ensemble, nous progressons davantage.

L'existence de réseaux féminins est donc importante. Les réseaux mixtes, eux, ne fonctionnent pas de la même manière et ne permettent pas la même écoute. Un réseau de femmes, de son côté, nous permet de nous réunir entre personnes confrontées aux mêmes problèmes. Nous pouvons par exemple évoquer le manque de crèche qui oblige certaines femmes à arrêter de travailler pour garder leurs enfants. Pendant ce temps, les hommes continuent à occuper leur emploi.

L'enjeu lié aux mentalités revient toujours. La France est très en retard en matière d'égalité par rapport aux pays nordiques, où les hommes - quelle que soit leur fonction - peuvent suspendre leur travail pour aller chercher leurs enfants à l'école. Or l'égalité ne progressera pas sans un changement de mentalité, qui doit s'opérer dès l'école primaire.

Je répondrai volontiers à vos questions.

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