Pour répondre à vos questions, Madame la sénatrice, je suis tout à fait d'accord sur le danger d'opposer le fait d'élever ses enfants et celui de faire carrière. Malgré tout, au moment du déconfinement, nous n'avons pas eu d'autre choix que d'évoquer le problème de la fermeture des écoles car cette réalité a été catastrophique pour les dirigeantes d'entreprise. Ces faits doivent être entendus, alors qu'il existe encore 42 % d'écart de salaire au sein d'un couple.
Comme vous l'avez dit, il est tout à fait possible de mener une carrière en étant mère avec une organisation et un partage des tâches équilibré avec un conjoint - ce qui n'est pas le cas dans la plupart des foyers. La situation est plus difficile pour les femmes seules. Le fait que les questions des femmes entrepreneures concernent la garde d'enfants est une réalité. Je l'ai constaté il y a peu de temps, alors que je me trouvais à Angers avec l'ADIE. J'ai été très étonnée car les questions portaient sur la façon de concilier entreprenariat et parentalité, le regard des enfants sur l'entreprenariat et la possibilité de percevoir des revenus suffisants. Ces questions doivent être entendues.
Nous pouvons y répondre par les role models, en présentant des cheffes d'entreprise qui réussissent. Avec Bouge ta boîte, nous mettons en avant l'expertise et l'audace des femmes au quotidien. La mise en lumière des role models prend du temps car il existe des biais culturels et sociaux très ancrés chez les femmes comme chez les hommes.
Vous avez évoqué des aides pour les femmes concernant les gardes d'enfants. Je pense que ces dispositifs aident aussi les hommes. S'il existe un seul fait positif avec les divorces, c'est que les hommes s'occupent davantage des enfants !
J'espère que ce mouvement tendra vers un changement profond de la société. L'allongement du congé du deuxième parent s'inscrit également dans cette voie.
Concernant les bulletins municipaux et la communication auprès des femmes, la presse nationale relaie effectivement peu les réseaux féminins, considérés comme secondaires alors que nous sommes des organisations patronales. En effet, nous représentons des milliers de dirigeantes. Nos relais sont plutôt la presse quotidienne régionale, qui mentionne les rencontres ou les ouvertures de commerce ou d'entreprise par des femmes, mais aussi et surtout, les réseaux sociaux. Ces derniers ont permis de mettre les femmes en lien et de partager nos problématiques communes.
Les clichés sont réels. Cependant, les réseaux féminins existent effectivement pour que nous progressions dans un élan commun, et, en aucun cas, en opposition les uns contre les autres.