Merci madame la ministre pour ces précisions. Il est vrai que nous sommes à un moment très délicat. Ces dernières semaines l'espoir renaît puisque nous commençons à entrevoir la reprise progressive des activités culturelles - la commission de la culture du Sénat l'a souvent appelée. Ces derniers jours, vous avez précisé, avec le Premier ministre, le cadre dans lequel se ferait cette reprise progressive : je n'y reviens pas. Je considère que nous sommes à un moment délicat parce que les attentes sont nombreuses, et au premier chef celles des Français. Nous avons été privés de culture pendant un an, ce qui justifie cette attente extrêmement forte. Les attentes émanent aussi des professionnels, qui ont été attentifs au détail de vos annonces. Certains d'entre eux, que leurs spectacles aient lieu en salle ou en plein air, décideront très vite de la date (19 mai, 9 juin ou 1er juillet) à laquelle ils rouvriront ou tiendront leur évènement. Je me permettrai donc de vous poser des questions précises, qui appellent des compléments de réponse pour accroître notre compréhension.
Je commencerai par les préfets et la territorialisation éventuelle des décisions de réouverture. Nous avons assisté à plusieurs auditions, notamment celle du Conseil national des professions du spectacle (CNPS), et sommes interpelés dans nos territoires sur les fêtes de plein air en configuration debout, autorisées à partir du 9 juin selon des jauges définies par les préfets. À quel moment les préfets prendront-ils les décrets ? De ce moment dépend la décision de tenir ou non l'évènement de plein air.
De plus à partir du 1er juillet, les festivals de plein air en configuration debout pourront avoir lieu en respectant une jauge de quatre mètres carrés par festivalier. Économiquement, c'est très compliqué car il faudrait préciser si cela signifie 4 000 mètres carrés avec 1 000 personnes. Il y a là une source d'incompréhension, si ce n'est d'inquiétude. Vous nous annoncez que cette incertitude sera levée très rapidement, ce qui est absolument nécessaire pour que les responsables prennent la décision de tenir ou non leur festival. Vous nous dites que les décisions seront donc prises par les préfets en fonction des considérations locales. J'imagine donc qu'il y aura possiblement, à partir du 1er juillet, une territorialisation par les préfets de la configuration des festivals debout. Sera-ce une modification de la jauge ? Et au-delà de la reprise de la pandémie, qu'entendez-vous par « considérations locales » ?
La discussion sur le passe sanitaire aura lieu au Sénat la semaine prochaine, et nous pouvons anticiper d'ores et déjà des débats intéressants sur le sujet. Par essence, pour les évènements de plus de 1 000 personnes, ce passe sera exigé. De ce fait, les règles que vous avez édictées seront-elles assouplies ? Le passe sanitaire permettra-t-il d'atténuer ces dispositions, voire les règles de distanciation ? Nous voyons bien l'utilité de ce passe, mais j'aimerais également connaître la finalité que vous lui conférez dans ces festivals.
Je ne sais pas si le concert-test du 29 mai aura lieu, mais il est vrai que les concerts-tests avaient pour vertu de documenter la façon d'organiser un festival, même s'il ne s'agissait pas du sésame pour ce faire. Hormis le concert du 29 mai en salle, il était également prévu d'organiser un concert en salle à Marseille, ainsi que d'autres qui ont été très documentés en plein air. J'apprends qu'un autre lieu pourrait être candidat. Que pensez-vous des concerts-tests ? Je sais que vous n'êtes pas très allante sur le sujet, d'autant que je vous ai entendu évoquer celui de Barcelone. Finalement, y êtes-vous favorable et quelles vertus y voyez-vous pour faire évoluer les dispositions que vous avez décidées ?
J'évoquerai les pratiques amateurs, qui concernent 16 millions de personnes dans notre pays. Ces amateurs n'ont pu exercer leur art pendant un an et n'ont pas eu le droit de répéter, à la différence des professionnels. Par conséquent, un grand nombre de théâtres ont été fermés. Ils devraient pouvoir rouvrir, même si beaucoup d'entre eux étant des associations, leur trésorerie est délicate. Quand sortiront les protocoles que vous avez évoqués ? Un grand nombre de nos concitoyens qui pratiquent le théâtre ou la danse, attendent de pouvoir pratiquer à nouveau, étant précisé que je fais bien la différence avec les enseignements artistiques. C'est bien sur les pratiques amateurs que je souhaiterais des précisions car je crois que leur reprise pourra aussi contribuer au retour de la vie culturelle dans notre pays.
Enfin, je terminerai avec un sujet auquel vous avez répondu dans un autre entretien. Nous pouvons nous féliciter des aides transversales apportées au secteur culturel par l'État. Nous les connaissons bien. Il y a aussi des aides sectorielles. Comment voyez-vous l'évolution et le maintien de certaines de ces aides à l'occasion de la relance ? Des critères nouveaux seront-ils définis ? Comment la relance se mettra-t-elle en place ?
Je cesserai là mon intervention déjà assez longue.