Monsieur le secrétaire d’État chargé des affaires européennes, les plaies du conflit meurtrier au Haut-Karabagh sont encore ouvertes que l’Azerbaïdjan multiplie les provocations contre l’Arménie : refus honteux de libérer les prisonniers de guerre, destruction méthodique du patrimoine culturel et religieux des territoires arméniens qu’il contrôle.
La situation s’aggrave encore avec l’incursion de 350 soldats azéris, qui se sont carrément installés sur le territoire arménien autour du lac Noir et de la zone de Verin Shorzha. En vérité, ce sont près de 20 000 soldats qui se sont massés à quarante kilomètres à l’intérieur des frontières arméniennes.
Tout est dorénavant très clair : l’attaque du Haut-Karabagh était la première étape d’un plan de l’Azerbaïdjan et de la Turquie visant à établir une continuité territoriale entre eux aux dépens de l’intégrité de l’Arménie.
Le Président de la République a immédiatement appelé au retrait des troupes azéries. Vous avez vous-même relayé avec clarté cet appel. Nous vous en donnons acte mais, en réalité, l’Occident est aujourd’hui complètement marginalisé dans cette zone. Outre la Turquie, la Russie est l’autre grand vainqueur de ce conflit avec des troupes présentes dans les trois pays du sud du Caucase.
C’est pourquoi il est si important aujourd’hui de montrer à l’Arménie que la France est à ses côtés. Le Sénat l’a fait de manière très claire en votant une résolution à l’unanimité le 25 novembre dernier, puis au travers d’un déplacement du président du Sénat à la tête d’une délégation de tous les présidents de groupe. Croyez-moi, cette mission a marqué nos amis arméniens. Elle exprimait la mobilisation du Sénat tout entier.
Monsieur le secrétaire d’État, que comptez-vous faire face à une situation toujours plus inquiétante ? Allez-vous relancer le groupe de Minsk dont la France assure la coprésidence ? Allez-vous saisir le Conseil de sécurité de l’ONU ? Il s’agit de défendre nos valeurs et notre amitié de toujours avec le peuple arménien. En d’autres termes, face à ce drame, allez-vous passer de la diplomatie des déclarations à la diplomatie de l’action ?