Intervention de Olivier Véran

Réunion du 19 mai 2021 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Difficultés d'accès à certains médicaments pour traiter le cancer du sein

Olivier Véran :

Je vous remercie d’avoir posé cette question très importante, madame la sénatrice Corinne Imbert. Vous parlez du cancer du sein « triple négatif », celui qui ne présente pas les marqueurs hormonaux classiques. En France, il représente 15 % des cas de cancers du sein et touche 9 000 femmes chaque année.

Ce cancer était en déshérence sur le plan thérapeutique, mais le Trodelvy, nouveau traitement complexe et très innovant, offre beaucoup d’espoir aux patientes ; la communauté scientifique est unanime sur la question.

Ce traitement a été mis au point par une petite société américaine, depuis rachetée par le grand laboratoire Gilead – il avait déjà fait l’acquisition de start-up et de produits médicamenteux.

Le coût du médicament n’est pas en cause, madame la sénatrice. Le problème, c’est que Gilead, après le rachat du médicament, s’est trouvé chargé de le produire et de fournir ainsi un marché immense. Or la logique de production est très complexe, il faut au moins une année avant de fonctionner à plein.

Ce n’est qu’après avoir déposé une demande d’autorisation européenne de mise sur le marché, en mars 2021, que le fabricant a lancé la production. C’était il y a quelques semaines…

Je suis d’accord, madame la sénatrice : nous ne disposons pas d’assez de traitements par rapport au nombre de patientes à traiter – une soixantaine de femmes uniquement ont bénéficié du médicament à date.

Mais je vous ferais observer que seules les patientes françaises se sont vu administrer ce traitement en Europe. Aucun autre pays n’a été capable de l’acquérir, faute de capacités de production suffisantes. La France a été le seul pays d’Europe à commander de nouveau le médicament, pour augmenter dès le mois de juin le nombre de traitements offerts.

Le groupe Gilead s’est engagé à fournir toutes les quantités suffisantes lors de la délivrance de l’autorisation européenne de mise sur le marché, attendue en décembre 2021. D’ici là, nous ferons le maximum pour accroître le stock de Trodelvy.

J’insiste : nous sommes les seuls en Europe à bénéficier du médicament. Ce n’est pas suffisant, mais c’est un début. Nous voulons soigner les Françaises qui attendent ce traitement avec une impatience toute légitime, croyez en notre détermination !

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