J'ai trouvé cette table ronde passionnante. Nous avons entendu de nombreux éléments qui continueront à nourrir notre réflexion et notre action de parlementaires.
La prostitution des mineurs est un sujet qui me préoccupe énormément. Élue du Val-de-Marne, je m'entretiens régulièrement avec la procureure de mon département, une femme remarquable qui ne lâche rien sur ces questions. Nous avons aussi mené un important travail avec le préfet ; il vient d'être remplacé, mais je ne doute pas que nous pourrons continuer ce travail avec son successeur. Il ne faut pas que ce sujet, même s'il nous touche particulièrement, nous exonère de prendre en compte la prostitution à tous les âges.
Il est vrai que je trouve parfois décourageants les débats au sein du Sénat. Dans la société, nous constatons à la fois une prise de conscience et la montée d'un certain nombre de conservatismes.
Au départ, la question du seuil de consentement était impossible à aborder en dehors de la délégation. Lorsque cette dernière a proposé de fixer un seuil à 13 ans, ça a été très compliqué. Nous ne sommes pas tous d'accord sur ce seuil. Pour ma part, je considère qu'il ne faut pas tout vouloir tout de suite mais qu'il est préférable de mettre un pied dans la porte. Lorsque cette loi a été discutée au Sénat, le Gouvernement écoutait mais ne faisait pas pour autant passer les amendements pouvant améliorer la loi. Elle est ensuite passée à l'Assemblée nationale puis est revenue au Sénat. Et finalement, en l'espace de quelques mois, nous sommes passés d'un seuil de 13 ans au seuil de 15 ans. C'est extraordinaire alors que toutes nos propositions étaient rejetées. Quelle évolution !
Après, des polémiques naissent sur les réseaux sociaux parce que certains considèrent la loi insuffisante ou critiquable. Bien sûr, la loi peut encore être améliorée, mais il s'agit néanmoins d'un outil qui aidera les professionnels et permettra de faire évoluer les mentalités ! Nous ne parviendrons jamais à faire avancer les choses sans la conjugaison des lois et d'un mouvement social. Je refuse de bouder les acquis que nous parvenons douloureusement à obtenir parce qu'ils sont tout de même utiles. Ils devront être améliorés, et les propos que nous avons entendus nous poussent à solliciter de nouveaux moyens financiers et humains.