Merci de cet échange intéressant. M. Bocquet a une fois encore « mis le feu ». Ce qui m'a choqué, c'est que vous considériez que tous les problèmes résultent de l'ultralibéralisme. J'ai plutôt tendance à penser que le problème, c'est l'État. Lors de la crise sanitaire, les pays libéraux ont dans un premier temps pris un peu de retard ; ils l'ont ensuite comblé et sont maintenant en avance sur nous. J'ai le sentiment que les Français attendent tout de l'État comme s'il s'agissait d'une assurance tout risque. Le secteur de l'énergie dépend entièrement de l'État depuis quarante ans, y compris l'énergie nucléaire d'EDF. Aux chantiers de l'Atlantique, nous sommes pourtant obligés de vendre aux Italiens. Il en est de même de la fin du contrat Renault-Fiat. En réalité, l'État se mêle de tout ce qui concerne le secteur privé en permanence. C'est lui qui définit l'intérêt général, au détriment des entreprises, souvent avec un temps de retard, des contraintes et une fiscalité pénalisante.
Pour ce qui est de la crise sanitaire, le secteur hospitalier privé n'a presque pas été sollicité, ce qui l'a d'ailleurs conduit à alerter les départements sur son incapacité à répondre à la demande de vaccination. Durant le confinement, La Poste a été déficiente et heureusement remplacée, comme toutes les sociétés de services européennes, par Amazon. Je suis pour un bureau de poste, mais s'il fonctionne, et ce n'est pas toujours le cas.
Le Haut-Commissariat au Plan ne peut fonctionner que s'il bénéficie d'une écoute de l'administration et du pouvoir en place ; il y va de sa force de crédibilité. Si l'on part du principe que l'État est trop présent, vous risquez d'être peu écouté, voire mis à l'écart. L'avantage, c'est que vous êtes totalement indépendant. Si vous aviez pris un quart des moyens accordés au Haut-Commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, vous auriez été entendu. Il faut commencer par corriger tous les défauts qui empêchent de sortir de l'État ultra jacobin d'autrefois : le millefeuille administratif, la dilution des responsabilités à tous les niveaux, etc. Votre mission, ô combien importante ! doit être focalisée sur ces points.