Vous avez absolument raison. Mais on doit intégrer les mutations technologiques possibles à notre réflexion stratégique.
Sur l'universalisme des allocations familiales, je partage votre sentiment. Nombre d'éléments vont dans le sens d'un fléchissement de la démographie, mais on constate un élément positif : une enquête a montré que tous les parents auraient aimé avoir un enfant de plus. Les aides à la petite enfance visent à réduire le décalage entre le souhait et la réalité. Mais la clef réside surtout dans la capacité à retrouver une vision optimiste.
Nous avons eu une discussion très intéressante sur rôle de l'État, et contre toute attente, MM. Bocquet et Dominati ne sont pas du même avis - cela m'a rappelé des jours anciens... Au demeurant, ils ont tous les deux raison, car à la question « Est-ce que l'État fonctionne bien aujourd'hui ? », la réponse est non, sinon nous n'aurions pas assisté à ces dérives bureaucratiques de l'administration. Quand le Président de la République se bat sur ce sujet, il n'obtient des décisions qu'après un engagement assidu et des combats ardus. Et l'État n'a pas apporté à la France les résultats qu'on était en droit d'espérer, en raison d'une dérive des esprits. Il s'est spécialisé dans la production de normes, le contrôle et la sanction, mais il ne soutient pas les initiatives, les entreprises, les créations, et ne contribue pas à la deuxième ou à la troisième chance - je donne sur ce point raison à Philippe Dominati. Pour preuve, il faut en France entre dix-huit et vingt-quatre mois pour obtenir une autorisation pour un établissement classé, contre six mois chez nos voisins.
En revanche, j'en suis certain, l'État pourrait jouer un autre rôle - là, je rejoins M. Bocquet et Mme Cukierman -, en devenant stratège et fédérateur : il pourrait réunir les grandes entreprises françaises afin qu'elles mettent leurs capacités au service de la fixation d'objectifs communs. Monsieur Dominati, contrairement à ce que vous affirmez, c'est aussi le rôle des entreprises, à côté des citoyens, de s'inscrire dans l'intérêt général, encore faut-il que nous ayons la volonté de définir cette notion. C'est nous qui avons inventé internet, et le minitel, premier réseau numérique au monde, était une invention extraordinaire !