C'est vrai, l'incapacité à fixer des buts qui survivent aux alternances est une faiblesse. C'est pourquoi je suis, en tant que citoyen, extrêmement insatisfait du fonctionnement de nos institutions. La mécanique classique du fonctionnement démocratique qui consiste à tout renverser régulièrement - chaque ministre croyant naïvement qu'il apporte quelque chose de nouveau -, l'absence de continuité, y compris dans la représentation nationale, est une faiblesse française. C'est pourquoi je soutiens l'idée d'une loi électorale plus juste, susceptible de créer des consensus. Ce perpétuel basculement d'un bord sur l'autre, en vertu duquel la haute administration considère que le pouvoir politique passe, mais que les hauts fonctionnaires demeurent - « Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer le cadavre des réformes oubliées » nous empêche d'entrer dans le long terme.
J'imagine un autre mode de fonctionnement, avec plus de stabilité et moins de dépendance à l'exécutif, qui se heurte à des obstacles perpétuels, souterrains et implicites.
Puisque vous m'interrogez sur les fonds pour la recherche, je réponds qu'il faut se doter d'une capacité d'investissement de long terme. Tel est le sens du « plan Marshall de la reconquête ». Ce n'est pas de l'argent perdu, pas plus que de la subvention. Les grands mécanismes d'investissements réciproques entre la Chine et l'Europe nous y invitent, sous peine de perdre systématiquement une part de l'innovation.