Intervention de Vanina Paoli-Gagin

Réunion du 26 mai 2021 à 15h00
Solidarité dans la crise — Discussion et retrait d'une proposition de loi

Photo de Vanina Paoli-GaginVanina Paoli-Gagin :

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, « ce ne sont […] pas les faits en eux-mêmes qui frappent l’imagination populaire, mais bien la façon dont ils sont répartis et présentés. Il faut que par leur condensation, si je puis m’exprimer ainsi, ils produisent une image saisissante qui remplisse et obsède l’esprit. Qui connaît l’art d’impressionner l’imagination des foules connaît aussi l’art de les gouverner ».

Depuis que Gustave Le Bon a publié sa Psychologie des foules, on sait qu’il suffit de répéter un mensonge un très grand nombre de fois pour qu’il paraisse la réalité. En France, les chiffres d’Oxfam et compagnie tentent de faire naître en nos esprits cartésiens l’image d’une France trop inégalitaire.

Or il suffit d’analyser les principaux indicateurs de répartition des richesses pour comprendre que, même s’il y a de nombreux problèmes d’inégalités dans notre pays, la France est très loin de tomber dans cette caricature. Le plus connu d’entre eux est le coefficient de Gini, qui varie de 0 à 1 et situe un pays entre deux positions extrêmes : 0, dans le cas où tous les citoyens possèdent exactement la même chose ; 1, dans le cas où un citoyen possède toutes les richesses et les autres aucune.

En 2019, avant le début de la crise, la France avait un coefficient de Gini de 0, 29. C’est bien en dessous de la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’OCDE, et bien plus près de 0 que de 1, vous en conviendrez. Bien sûr, on trouve toujours des spécialistes des inégalités pour expliquer que cet indicateur synthétique masque, en fait, de grandes disparités, notamment entre les plus riches et les plus pauvres.

Néanmoins, là encore, le cas de la France ne correspond pas à la critique. Ainsi, si on évalue le rapport interdécile, qui compare ce que touchent en moyenne les 10 % les plus favorisés et les 10 % les moins favorisés, la France fait encore mieux.

Avant la crise, les 10 % les plus favorisés touchaient environ 7 fois plus que les 10 % les moins favorisés. L’exposé des motifs de la proposition de loi rappelle ce chiffre. Il omet simplement de le comparer à d’autres pays, ce que l’honnêteté intellectuelle eût conduit à faire. Au Royaume-Uni, c’est non pas 7 fois plus, mais 10 fois plus. Aux États-Unis, c’est 19 fois plus.

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