Concernant l'évaluation des salles de consommation à moindre risque qu'a menée une équipe de l'Inserm, ce rapport très détaillé témoigne du travail de qualité accompli pour mettre en place cette expérimentation, puis pour en faire une première évaluation. Des moyens importants ont été mis en oeuvre et la rigueur scientifique de la méthode employée permet aujourd'hui de conforter les données issues d'autres pays européens. Il est logique que ce qui fonctionne dans des pays similaires fonctionne ici aussi ; il est maintenant démontré que cette démarche permet de réduire les risques pour les usages de drogues problématiques : il y a moins de surdosages, moins d'accidents liés à l'injection, moins d'infections au VIH ou au virus de l'hépatite C (VHC). Un travail quotidien d'accompagnement de ces usagers est requis.
Seule l'acceptabilité sociale de ces structures reste un sujet de tension. Une enquête menée sur plus de vingt ans montre une évolution des représentations des Français sur les drogues et une plus grande acceptation des mesures de réduction de risques. Quant à ces salles, si on présente bien leurs objectifs de protection des usagers de drogues, mais aussi de tranquillité publique accrue, près de 80 % des Français interrogés leur sont désormais favorables ; une majorité, certes plus réduite, de 52 % en soutiendrait même l'implantation dans leur quartier.
M. Delile vous répondra mieux que moi sur les kits de naloxone. Ces mesures sont aussi mises en oeuvre dans d'autres pays européens. Remarquons que la France est l'un des pays d'Europe où les usagers de drogues problématiques ont le meilleur accès aux traitements de substitution, comme en témoigne le tableau de bord annuel que nous publions sur ce sujet.
Les addictions comportementales sont un sujet nouveau pour l'OFDT. Nous avons repris il y a un an les missions de l'Observatoire des jeux sur les jeux d'argent et de hasard, première addiction sans produit en France. Nous réfléchissons aujourd'hui à d'autres addictions que nous pourrions suivre au sein du champ très large que couvre l'IFAC de Nantes, notamment les troubles de l'usage du jeu vidéo. On peut parler des addictions aux écrans, mais avouons que chacun d'entre nous a toujours un écran, voire plusieurs, à portée de main ! À quel moment l'usage de cet outil devient-il compensatoire, traduit-il des troubles ? Nous menons actuellement, à la demande de la Mildeca, une enquête exploratoire auprès des collégiens au sujet de leur usage des jeux vidéo, afin de cerner les évolutions qui ont pu avoir lieu lors du confinement ; ses résultats sont attendus d'ici au début de 2022. Notre collège scientifique a été renouvelé au début de 2021, dans la volonté d'augmenter nos travaux sur les addictions comportementales dans les prochaines années.
Enfin, le regard a changé sur la consommation de cannabis, en raison des évolutions des usages et de l'expérimentation dont il a fait l'objet. La mission d'information parlementaire a lancé une grande consultation ; les chiffres ainsi présentés devraient être confrontés à ceux qui sont issus d'autres sondages - nous sommes attentifs aux méthodes d'enquête et à leur comparabilité. Entre les résultats de notre première enquête menée en 1999, et ceux de l'enquête Eropp, présentés en 2018, on se rend compte combien la perception de la législation sur le cannabis a évolué.
Il y a trois ans, 45 % des adultes répondants se déclaraient favorables à une légalisation du cannabis, contre 51 % la semaine dernière. Le niveau reste comparable, mais, suivant que les répondants ont expérimenté ou non le cannabis, les chiffres sont différents. Ainsi, 29 % des non-expérimentateurs de cannabis et 65 % des expérimentateurs sont favorables à légalisation du cannabis.
Il y a là un effet de diffusion, bien connu des pays d'Amérique du Nord : au Canada, et dans certains États des États-Unis, ce sont les citoyens eux-mêmes qui ont demandé des changements de législation via des référendums d'initiative locale.