Le rapport de recherche sur les salles de consommation de l'Inserm est vraiment remarquable. Loin d'être randomisée, l'étude ainsi réalisée est contrôlée et confirme les bénéfices en termes de santé : réduction du nombre d'overdoses, prise en compte améliorée des problèmes infectieux, réduction relative de l'incidence du VIH et du VHC, etc.
Pour ma part, je ne me prononcerai pas sur les aspects médico-économiques, mais j'observe que les coûts générés sont tout à fait acceptables. Concernant les relations avec l'environnement, tout dépend de la proximité entre les consommateurs et les salles...
On peut constater, au travers de ce rapport, que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes dans le domaine de l'accès aux soins. Habituellement, les salles de consommation constituent un premier lieu de contact avec des usagers particulièrement éloignés des soins. Il est essentiel de saisir cette opportunité afin de leur offrir la possibilité d'aller vers des formes d'accompagnement et de soin plus globales, qui s'agisse de l'addiction ou de l'hébergement.
Contrairement aux expériences menées à l'étranger, les résultats, en France, sont moins enthousiasmants. Cela laisse une marge de progression : à l'avenir, il est indispensable que le développement des salles de consommation se fasse de manière beaucoup plus intégrée, par rapport au dispositif général de soin dans le domaine des addictions. En outre, cela permettrait d'envisager une solution pour réduire les atteintes à la tranquillité et combattre les nuisances de voisinage.
Excepté Paris, où les besoins sont massifs, il conviendrait d'adapter le niveau de réponse aux besoins locaux et d'envisager plusieurs dispositifs dispersés plutôt qu'un seul et grand dispositif de concentration.
Nous pourrions aussi autoriser certains Caarud à mettre en oeuvre des politiques d'aides à la réduction des risques liés aux injections, ainsi que des pratiques contrôlées. À Bordeaux, nous sommes favorables à un dispositif mobile qui, sans déranger les quartiers, propose une réponse allant au-devant des personnes - il a déjà fait ses preuves à Barcelone et au Danemark.
Nous sommes évidemment favorables au développement et à la pérennisation des salles de consommation en France, en adaptant, si possible, leur mode de fonctionnement de telle sorte qu'elles soient encore mieux intégrées dans le dispositif général.
S'agissant des cas d'overdose, la plupart des décès sont bien liés à des intoxications aux opioïdes. Il s'agit d'opioïdes illégaux, comme l'héroïne, ou détournés de leur usage - traitements de substitution, morphine médicamenteuse, etc. -, et souvent commandés sur internet.
La naloxone constitue une réponse, mais elle n'est pas suffisamment utilisée. Les dispositifs intranasaux sont plus pratiques, surtout dans un contexte d'angoisse quand une overdose est en cours. Le premier médicament proposé était le Nalscue, mais, faute d'accord tarifaire entre les autorités de santé et la firme industrielle, sa commercialisation a été interrompue en France.
Un seul produit reste à disposition, le Prenoxad, qui s'administre par voie intramusculaire. Les conditions de mise sur le marché de la naloxone intranasale expliquent sans doute que les professionnels ne se la soient pas suffisamment appropriée... Il en est de même des usagers, qui se méfient des antagonistes des opiacés et ne sont pas très demandeurs de ce genre de substance... Il est donc nécessaire d'accomplir un travail de motivation auprès des usagers.
Une troisième forme de naloxone intranasale, le Nyxoid, devrait être mise sur le marché à l'automne, mais les discussions n'avancent pas beaucoup. Il y a urgence à diversifier les formes de présentation de la naloxone et de prescrire ou de remettre directement aux individus des formes intranasales, qui sont beaucoup plus acceptables.