J'ai été longtemps rapporteure de la Mildeca et ai alors travaillé sur la question des addictions. J'ai fait en sorte qu'en 2012 soit mise en place une charte Pour une autre politique des addictions, signée par 1 800 professionnels. On s'était tous mis d'accord sur la dépénalisation de l'usage du cannabis, à partir du constat que la politique adoptée par les pouvoirs publics n'apportait pas de résultats probants dans nos quartiers, quels qu'ils soient : ces trafics engendrent des violences qui pourrissent le quotidien des habitants. Quel est votre sentiment sur l'idée d'une dépénalisation ?
Le crack, plus communément appelé la drogue du pauvre, a défrayé récemment l'actualité. La Belgique a mis en place depuis 2018 une chambre de traitement du tribunal de première instance, qui se concentre non seulement sur les infractions commises, mais aussi sur les problèmes sous-jacents. Elle permet à la personne appréhendée d'être au coeur du dispositif et de s'inscrire dans un programme d'aide, ce dont le tribunal peut tenir compte au moment de fixer la sanction. Si elle ne participe pas assez, le juge a recours à l'arsenal classique des sanctions. Il s'agit bien de créer un partenariat.
Cela diminue le risque de récidive dans près de 80 % des cas. Dans près de 70 % des dossiers introduits devant cette chambre, ce programme d'aide a été mis en place et la moitié a eu des effets favorables. C'est donc intéressant. Quel est votre avis sur cette expérimentation ? L'exemple belge pourrait-il être repris par la France ?