Intervention de Catherine Deroche

Commission des affaires sociales — Réunion du 2 juin 2021 à 9h00
Audition de M. Norbert Ifrah en application de l'article l. 1451-1 du code de la santé publique candidat à son renouvellement à la présidence du conseil d'administration de l'institut national du cancer

Photo de Catherine DerocheCatherine Deroche, présidente :

Nous accueillons ce matin le Pr Norbert Ifrah, président de l'institut national du cancer (INCa) depuis 2016.

Comme vous le savez, l'INCa est une agence d'expertise sanitaire et scientifique créée en 2004 pour coordonner les actions de lutte contre le cancer en France. Elle est organisée sous la forme d'un groupement d'intérêt public (GIP) et rassemble en son sein l'État, les grandes associations de lutte contre le cancer, les caisses d'assurance maladie, les organismes de recherche et les fédérations hospitalières. Sa tutelle est exercée par les ministères de la santé et de la recherche.

M. Ifrah est candidat au renouvellement de ses fonctions pour un nouveau mandat de cinq ans et, en application de l'article L. 1451-1 du code de la santé publique, sa nomination doit être précédée de son audition par les commissions compétentes du Parlement.

J'indique que cette audition fait l'objet d'une captation vidéo retransmise en direct sur le site du Sénat et disponible en vidéo à la demande.

L'INCa pilote l'élaboration et la mise en oeuvre de la stratégie décennale de lutte contre le cancer, qui a été arrêtée en février dernier. Le Gouvernement a mis en avant une augmentation de 20 % des moyens accordés à notre politique de lutte contre le cancer : il serait intéressant que vous nous précisiez les priorités qui bénéficieront de ces crédits supplémentaires, notamment en matière de recherche.

Cette stratégie a néanmoins été critiquée par certaines associations pour mettre trop l'accent sur les comportements individuels à risque plutôt que sur les risques posés par les expositions environnementales. Dans un rapport sur ce sujet, nos collègues Bernard Jomier et Florence Lassarade ont d'ailleurs appelé la stratégie décennale de lutte contre le cancer à pleinement s'articuler avec le plan national santé-environnement.

À cet égard, quelles actions concrètes comptez-vous engager pour améliorer la connaissance des liens entre cancer et environnement ? Les impasses sur lesquelles bute Santé publique France (SPF) pour expliquer l'apparition de certains clusters de cancers pédiatriques, comme à Sainte-Pazanne, montrent l'urgence qu'il y a à mieux croiser les données de santé du Health Data Hub avec les données environnementales du futur Green Data Hub. Les parents ne peuvent plus se contenter d'avoir pour seule réponse des autorités sanitaires : « nous ne savons pas ».

Je souhaiterais aussi vous entendre sur la capacité de notre système de financement de l'innovation à prendre le virage de la médecine personnalisée en oncologie. Unicancer, la Ligue nationale contre le cancer et l'institut Curie nous ont en effet alertés sur la nécessité de rénover le référentiel des actes innovants hors nomenclature (RIHN) afin de ne plus priver les patients de l'accès aux tests « compagnons » essentiels pour établir la signature moléculaire des tumeurs et mieux cibler les thérapies. Quand prendra-t-on enfin conscience que ces innovations en oncogénétique peuvent contribuer à la désescalade thérapeutique et à la pertinence des soins pour, à terme, renforcer l'efficience de notre système de santé ?

Je voudrais enfin revenir sur deux sujets que vous aviez évoqués devant nous lors de votre audition en juin 2016.

Le premier, en lien avec la place des centres de lutte contre le cancer (CLCC) du sein des groupements hospitaliers de territoire était celui de l'adressage et du point d'entrée dans notre système de santé. Il soulevait aussi la question de la confiance dans notre système de santé. Estimez-vous que ce sujet a progressé pendant votre présidence ?

Le second est davantage lié à l'organisation. Vous aviez alors décrit l'INCa comme un « hapax ». Le modèle conçu pour donner à la lutte contre le cancer la force de frappe intégrée nécessaire est-il transposable à d'autres pathologies, avec le risque de la constitution de silos ? Doit-il rester propre au cancer ? Ce modèle doit-il évoluer pour garantir plus d'interdisciplinarité ? Quel regard portez-vous sur ce sujet au terme de votre première présidence ?

Je vous laisse la parole pour présenter le bilan de l'action de l'INCa pendant votre mandat et les priorités que vous entendez lui assigner pour les cinq prochaines années, avant que nos collègues ne vous adressent leurs questions.

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