Les travaux scientifiques correspondants n'existent pas. Mais nous allons travailler sur ce sujet. Covid et télétravail nous ont un peu perturbés dans l'avancée de nos travaux.
Le retour au travail est un sujet dont on s'occupe pleinement. Nous avons montré dans l'étude « La vie cinq ans après un diagnostic de cancer » que les femmes et les hommes qui reprenaient le travail à mi-temps thérapeutique choisi étaient ceux qui avaient le moins de séquelles invalidantes par la suite. Par conséquent, les conditions de reprise du travail sont essentielles. Dans la stratégie à laquelle il est reproché de ne pas s'intéresser exclusivement à l'environnement, le sujet est abordé, et entendu également par le ministère du travail. Nous travaillons également le sujet de la réinsertion et la formation des professionnels avec le Club des entreprises. Pour l'instant, on a le diagnostic, on a créé les outils de la réponse et d'ici quelques années, on aura la réponse.
Le panier de support, les soins après-cancer ont été une bataille de plus de 10 ans. L'avancée obtenue ne correspond pas à ce qui a été demandé. Mais nous avons mis le pied dans la porte ! C'est à nous collectivement de démontrer que le dispositif est réellement bénéfique et qu'il faut le prolonger, et déterminer pour qui. Certains malades ne veulent plus en entendre parler. J'étais spécialisé dans les leucémies aigües et j'ai constaté un nombre conséquent de malades en consultation post-suivi qui ne supportent plus d'entendre parler de la maladie. Nous devons faire la preuve que ce dispositif est utilisé et efficace avant de le prolonger. Nous avons lancé dans la stratégie décennale des travaux scientifiques. Nous avons des recherches et actions dans le domaine des sciences sociales pour démontrer quelque chose de quantifiable. Des efforts importants ont été faits sur le reste à charge, les prothèses, les perruques, les consultations de psychologues... Tout cela va dans le bon sens même s'il reste du chemin à faire. La stratégie décennale n'épuisera pas le champ du cancer. En 20 ans, nous sommes passés de 60 % à 80 % d'enfants guéris. Le cancer n'est pas une maladie chronique, c'est une maladie mortelle qui, quand on arrive à avoir les clefs, peut être guérie. Parfois nous n'avons pas les clefs, mais on trouve des solutions qui permettent de maintenir une bonne qualité de vie pendant une dizaine d'années, voire plus. Comme le cancer est une maladie du sujet âgé, un certain nombre de ces malades meurent avec la maladie mais pas d'elle ! Cela représente une avancée significative. Mais l'objectif est de trouver ce qui va guérir le cancer. Nous avons réalisé un volet très important sur l'aide en pédiatrie : aide des parents, aide géographique...
L'INCa a clairement promu le dépistage du cancer du poumon. Soutenu par des articles de mauvaise qualité, puis lors d'une communication orale de l'étude Nelson en congrès avec une publication quatre ans après... Cette étude hollandaise et belge avait repéré 600 000 personnes, parmi lesquelles 15 000 ont accepté de se soumettre à l'étude. Toutes les radios ont été interprétées dans un seul centre par une seule équipe. Ils ont trouvé pour les personnes examinées 203 cancers dont 141 non détectés. 58 % de ces cancers étaient au stade 1A et 1B. Ils ont estimé le surdiagnostic à 10 %. Lorsque l'on suspecte un cancer du poumon, on fait des investigations extrêmement invasives. Dans le meilleur article publié, les résultats sont intéressants mais pas concluants. Ils méritent d'être affinés. Nous défendons dans la stratégie décennale des expérimentations couplant les travaux de dépistage par des scanners de basse résolution, non remboursés aujourd'hui par la sécurité sociale, à un sevrage. Il ne s'agit pas d'être dans la contrainte mais dans l'incitation. Il faut également réduire le nombre de faux positifs. Enfin, il ne faut pas oublier qu'un quart de la population fume quotidiennement. Si on ne fait pas seulement attention à la fréquence du dépistage, il faut se poser la question de l'accès au scanner pour les malades qui en ont besoin. Tout ce travail est inscrit à notre programme avec un financement. Pour les cinq premières années, le Plan cancer 3 prévoyait 1,49 milliard d'euros. Aujourd'hui, nous sommes à 1,7 milliard d'euros, soit 284 millions supplémentaires pour cinq ans, dont la moitié est consacrée à la recherche. Nous comptons mener 85 actions avec les ARS. Je vous rappelle les grands axes : prévention, dépistage, séquelles, maladies incurables... mais nous avons aussi un axe transversal qui doit permettre que le progrès bénéficie à tous.