Nous avons la possibilité, tous les quatre ans, de discuter d'un protocole national de financement avec le ministère de l'agriculture. Nous sommes satisfaits de nous inscrire ainsi dans un dialogue ouvert avec les interlocuteurs de ce ministère.
Dans ce cadre, les chiffres sont évoqués de manière transparente. Nous regrettons toutefois que toutes nos dépenses ne soient pas considérées comme elles le sont chez nos collègues du secteur public. À cet égard, je voudrais effectuer un distinguo sémantique entre les secteurs privé et public. De notre côté, nous sommes des établissements privés associatifs et non commerciaux. Cela signifie que nos établissements fonctionnent sous l'impulsion et grâce à l'énergie d'administrateurs bénévoles qui donnent de leur temps pour une cause en laquelle ils croient. Or une confusion est trop souvent commise avec le secteur privé commercial dans le cadre duquel des actionnaires retireraient un intérêt de leur investissement. En réalité, nous assurons tous une mission de service public, au service des jeunes en premier lieu.
Seule une fraction de nos dépenses est prise en compte dans le cadre des conventions. Les investissements n'en font pas partie. À titre d'exemple, les investissements dans un établissement public qui accueille 800 apprenants représentent de l'ordre de 50 euros par apprenant. Dans un établissement comme le mien, qui compte le même nombre d'élèves, nous sommes sur une base de 1 000 euros par apprenant. Cet écart s'explique tout simplement par le poids de l'immobilier et des infrastructures : ce poids est à notre charge quand, chez nos collègues du secteur public, il incombe à la collectivité régionale.
Comme le président de l'UNREP l'a évoqué, certains postes de direction d'exploitation et d'encadrement intermédiaire ne sont pas non plus retenus dans nos dépenses. Je vais là encore user de la force de l'exemple : alors que nous accueillons le même nombre d'apprenants que notre homologue alsacien implanté à 80 kilomètres, celui-ci peut s'appuyer sur un personnel de 190 agents (personnel propre et agents mis à disposition par la région) quand nous ne sommes que 140. Nous exerçons pourtant la même mission.
Les conventions que nous avons conclues permettent, certes, un dialogue très ouvert et dont nous apprécions la qualité, mais elles sont fondées sur des échelles qui ne sont pas les mêmes.
Je voudrais insister sur la deuxième dimension du financement dans nos établissements. En formation initiale scolaire, en apprentissage ou en formation professionnelle continue, une part de ce financement est prise en charge par les collectivités régionales. En ce qui nous concerne, les subventions qui peuvent nous être allouées dans ce cadre le sont sur des taux allant de 20 % à 80 %, mais sur des bases souvent partielles. En revanche, les conseils régionaux financent intégralement les infrastructures de nos collègues. Un réel écart se creuse ainsi entre nos établissements.
Le mois dernier, le conseil régional Grand Est a voté une subvention de 56 millions d'euros en faveur de 12 fermes d'établissements agricoles publics, ceci sur la base d'une idée qui me semble formidable : ces exploitations agricoles doivent devenir en quelque sorte une vitrine au service de la promotion d'une agriculture moderne. Malheureusement, ce type d'accompagnement n'existe pas pour les établissements associatifs. Nous devons donc trouver, grâce à notre imagination, nos propres moyens ou bien courir le risque de nous retrouver disqualifiés dans notre capacité à montrer une agriculture moderne, entreprenante, qui s'empare des enjeux écologiques et des enjeux d'avenir.